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Le syndrome de Gougerot-Sjögren (prononcer sjeu-greunne), aussi appelé syndrome sec, est une affection chronique d’origine auto-immune. Il est classé dans les maladies arthritiques.
Ce syndrome atteint les glandes qui, normalement, produisent les fluides de lubrification. Les glandes salivaires de la bouche et les glandes lacrymales des yeux sont les plus communément touchées : elles cessent alors de fonctionner. Il en résulte une sécheresse anormale des yeux et de la bouche. Plusieurs autres glandes du corps peuvent être atteintes (celles qui sécrètent la sueur, la salive ou le sébum, les glandes de l’estomac, etc.). Le syndrome peut même causer des lésions permanentes à des nerfs ou à des organes (yeux, foie, glande thyroïde, reins, pancréas, poumons).
Sa découverte date de 1933, par le Dr Henrik Sjögren, un ophtalmologiste suédois.

Types

La maladie peut se manifester de 2 façons :
  • Primaire. Le syndrome apparaît de manière isolée. C’est le cas 1 fois sur 2. Environ 93 % des personnes touchées sont des femmes, et les symptômes apparaissent habituellement vers l'âge de 50 ans ;
  • Secondaire. Le syndrome est concomitant à un autre trouble auto-immun. Le plus fréquent est l'arthrite rhumatoïde.

Cause

La cause du syndrome de Gougerot-Sjögren est inconnue. Cependant, la maladie résulte d’une réaction auto-immune. La raison pour laquelle le système immunitaire du corps en vient à mal fonctionner et à attaquer ses propres tissus reste encore nébuleuse. Plusieurs hypothèses sont à l’étude. Selon les chercheurs, il est probable que l’apparition de ce syndrome nécessite à la fois une prédisposition génétique et l’arrivée de facteurs déclencheurs (infection virale, changements hormonaux, stress, etc.).

Diagnostic

Le diagnostic est complexe à établir et requiert de nombreux tests médicaux. Les plus courants sont la détection d’auto-anticorps dans le sang, une évaluation de la production des glandes lacrymales à l’aide d’un papier filtre (test de Schirmer), une observation de la fine membrane qui recouvre l’oeil par une coloration au rose de bengale et un test de salive pour évaluer la sécheresse de la bouche. Une observation des glandes salivaires, par rayon X ou scintigraphie, et parfois une biopsie, peuvent aussi servir. Il est possible que le médecin suggère le dépistage d’autres maladies inflammatoires.
Au moment du diagnostic, le médecin questionne le patient sur son état de santé général, sur les types de médicaments qu’il prend, et aussi sur l’alimentation et la quantité d’eau et d’autres liquides consommés quotidiennement.
Important. Les femmes atteintes du syndrome de Gougerot-Sjögren qui planifient une grossesse doivent en parler à leur médecin. Certaines d’entre elles produisent un type d’auto-anticorps qui peut occasionner d’importants problèmes cardiaques chez le nouveau-né. Des tests sanguins permettent de le savoir. Cependant, pour les femmes qui produisent ces auto-anticorps, il n’existe actuellement aucun moyen d’empêcher ces complications. Des recherches sont en cours. L’une des pistes étudiées consiste en l’administration d’immunoglobulines par voie intraveineuse chez la femme enceinte, à partir de la 12e semaine de grossesse.

Les symptômes du syndrome de Gougerot-Sjögren (syndrome sec)

Les 2 symptômes suivants sont habituellement les premiers à survenir. Ils apparaissent toutefois plus tardivement pour les personnes qui souffrent déjà d’arthrite. Ils doivent être présents depuis au moins 3 mois pour soupçonner un syndrome de Gougerot-Sjögren.
  • Yeux secs. Ils peuvent causer une sensation de brûlure ou de démangeaison. Les paupières collent souvent l’une à l’autre le matin, et les yeux sont plus sensibles à la lumière ;
  • Bouche sèche. La mastication et la déglutition sont plus difficiles. De plus, cela cause des caries.
D’autres symptômes typiques
  • Toux sèche persistante ;
  • Gencives sensibles et parfois saignantes ;
  • Douleurs musculaires ;
  • Peau sèche ;
  • Sécheresse vaginale ;
  • Douleurs et raideurs articulaires (surtout les petites articulations, des 2 côtés du corps), seulement pour la forme secondaire de la maladie.
Notez que ces symptômes peuvent être reliés à un autre problème de santé, ou être causés par un médicament ou un traitement. Par exemple, de la radiothérapie à la gorge peut causer une sécheresse de la bouche.

Les personnes à risque, les facteurs de risque et la prévention du syndrome de Gougerot-Sjögren (syndrome sec)

Personnes à risque

  • Certaines personnes ont une prédisposition familiale au syndrome de Gougerot-Sjögren ;
  • Les personnes atteintes d’une maladie arthritique sont plus à risque.

Facteurs de risque

  • Aucun facteur de risque n’est connu.

Prévention

Peut-on prévenir?
Il n'existe aucun moyen pour prévenir le syndrome de Gougerot-Sjögren. Toutefois, diverses mesures semblent aider à empêcher l’aggravation des symptômes.
  • Évitez les environnements secs ;
  • Arrêtez de fumer ;
  • Ne consommez pas de caféine et d’alcool (le vin en particulier) ;
  • Si nécessaire, excluez les aliments qui irritent la gorge. Cela peut être le cas des noix, du chocolat, du vinaigre, des fromages forts et des aliments très acides, comme les tomates et les fruits frais qui ne sont pas mûrs. Évitez aussi les excès de sel ;
  • Certains médicaments peuvent aggraver les symptômes. C’est notamment le cas des antihistaminiques et de certains antidépresseurs. Demandez conseil à un pharmacien ou à un médecin.

Les traitements médicaux du syndrome de Gougerot-Sjögren (syndrome sec)

À l’heure actuelle, il n’existe malheureusement pas de traitement curatif. Il est cependant possible de soulager les symptômes et tenter au mieux de prévenir les complications possibles, comme les lésions aux yeux, à la bouche et à d’autres organes.
En plus du médecin, il est recommandé de consulter un ophtalmologiste et un dentiste de façon régulière.

Soins maison

Plusieurs personnes parviennent à contrôler la sécheresse des yeux et de la bouche simplement à l’aide de soins maison. Il est important de maintenir humides la surface des yeux et les muqueuses de la bouche, du nez et de la gorge. Voici quelques conseils :
Contre les yeux secs
  • Larmes artificielles. Obtenues en vente libre ou sur ordonnance, elles améliorent le confort et préviennent les complications possibles à la cornée. Certaines sont plus visqueuses et leur effet est prolongé.
    Note. En cas de sensation de brûlure ou de démangeaison dans les yeux après l’application des gouttes, veillez à choisir un produit qui ne renferme pas d’agent de conservation ou un autre agent irritant. Au besoin, renseignez-vous auprès de votre médecin, de votre pharmacien ou d’un ophtalmologiste.
  • Lunettes de protection. Protégez vos yeux de l’air et du vent avec des lunettes. Certains modèles offrent une protection latérale accrue.
Contre la bouche sèche
  • Consommation d’eau. Buvez-en plusieurs fois dans une journée en petites quantités pour humidifier la bouche. Gardez un verre d’eau à proximité, de jour comme de nuit ;
  • Stimulation de la salivation naturelle. Ajouter un peu de jus de lime à de l’eau, ou mâcher une gomme sans sucre ou un bonbon dur sans sucre stimule la production de salive ;
  • Salive artificielle. On trouve en pharmacie des produits de remplacement de la salive, sous forme de pulvérisateur, de losange ou de gel (par exemple, Oral Balance®) ;
  • Vaporisateurs nasaux. La vaporisation d’une eau saline dans les narines humidifie les voies nasales et limite aussi la sécheresse de la bouche et de la gorge ;
  • Taux d’humidité dans la maison. Si l’air n’est pas assez humide, il augmentera la sécheresse des muqueuses du nez et de la gorge. Le taux d’humidité recommandé varie d’une saison à l’autre. Il est habituellement conseillé de le maintenir entre 30 et 50 % (tel que mesuré avec un hygromètre). Utilisez un humidificateur la nuit si nécessaire.
Autres conseils
  • Peau sèche. Évitez les bains à l’eau très chaude. Après la douche ou le bain, appliquez de la crème. Pour un effet hydratant accru, n’asséchez pas la peau complètement à la serviette avant d’appliquer la crème. Consultez aussi notre fiche Peau sèche ;
  • Sécheresse vaginale. Pour soulager l’irritation ou les douleurs durant les relations sexuelles, utilisez un gel hydratant vaginal, comme le Replens®, ou encore une crème à l’oestrogène pour les femmes à la ménopause.
Attention. Lorsque les glandes salivaires sécrètent moins de salive, le risque de carie s’accroît. Il est conseillé de se brosser les dents matin et soir, et d’utiliser du fil dentaire chaque jour. Certains experts recommandent de choisir un dentifrice au fluorure, ou d’utiliser à l’occasion un rince-bouche fluoré (précisons que certains dentifrices sont conçus pour les gens qui ont un problème de bouche sèche : ils sont moins irritants pour les muqueuses.). Enfin, limiter la consommation de sucre, surtout à entre les repas, aide aussi à prévenir la carie. Mieux vaut consulter un dentiste dans les 6 mois.

Médicaments

Au besoin, divers médicaments peuvent aider à soulager les symptômes.
  • Production de salive. La pilocarpine (Salagen®) ou la cevimeline (Evoxac®) stimulent la production de salive, et parfois aussi la production de larmes. Il y a cependant une possibilité que des effets indésirables apparaissent (sueurs, douleurs au ventre, production accrue d’urine).
  • Sécheresse des yeux. La plupart des gens utilisent les larmes artificielles. Au besoin, le médecin peut proposer d’autres solutions. Par exemple, des gouttes oculaires contenant de la cyclosporine (Restasis®) peuvent améliorer la lubrification des yeux.
  • Douleurs articulaires. Des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) en vente libre peuvent soulager les douleurs et l’inflammation (par exemple, l’ibuprofène (Advil® et Motrin®) et le naproxène (seul Aleve® est offert en vente libre). Au besoin, des AINS qui offrent une plus forte dose d’ingrédients actifs peuvent être obtenus sur ordonnance (par exemple, le Naprosyn®, le Voltaren® et le Relafen®). L’aspirine (acide acétylsalicylique) peut aussi atténuer les douleurs. L’efficacité de ces médicaments peut varier légèrement d’une personne à l’autre. Si les symptômes résistent à ces traitements, d’autres médicaments peuvent être utilisés. Par exemple, des immunosuppresseurs, souvent prescrits en cas d’arthrite rhumatoïde.
    Effets indésirables. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) peuvent causer des brûlures d’estomac, qui peuvent s’aggraver en ulcères et en saignements digestifs parfois graves. Les personnes qui en consomment régulièrement devraient prendre un médicament qui protège l’estomac (antiacide).
  • Infection à levure dans la bouche. Elle se guérit à l’aide de médicaments antifongiques.

En cas de douleurs articulaires

Il existe plusieurs moyens pour soulager la douleur et les raideurs articulaires occasionnées par le syndrome de Gougerot-Sjögren et les diverses autres formes d’arthrite. L’exercice physique, par exemple, stimule la libération d’endorphines (des antidouleurs naturels) et réduit l’inflammation en améliorant la circulation sanguine. L’application de chaleur ou de froid, selon la situation, aide aussi à calmer la douleur. Les moments de détente et un sommeil de qualité sont tout aussi essentiels aux personnes qui doivent composer avec la douleur.

Syndrome de Gougerot-Sjögren : les approches complémentaires

 Régime alimentaire anti-inflammatoire. Aux personnes qui souffrent d’une maladie ayant une composante inflammatoire chronique (ce qui inclut les maladies auto-immunes), le Dr Andrew Weil recommande une alimentation semi-végétarienne, qui s’apparente au régime méditerranéen : une abondance de fruits et de légumes, le plus d’aliments frais possible, un minimum d’aliments raffinés et de malbouffe, une bonne quantité d’oméga-3, etc.
 Échinacée (Echinacea sp.). La Commission E, l’ESCOP et l’OMS recommandent d'éviter l'échinacée en cas de maladie auto-immune, car les ingrédients actifs de cette plante modulent le système immunitaire et on ne connaît pas encore parfaitement son mode d’action. Cette recommandation ne repose pas sur des résultats d'études, mais sur une extrapolation théorique. L’échinacée est un produit de santé naturel populaire, surtout utilisé en saison hivernale pour prévenir ou traiter le rhume et la grippe.

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