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Cette fiche renseigne sur l’anémie et ses diverses formes. Pour en savoir plus sur l’anémie ferriprive (par carence de fer) et l’anémie par carence en vitamine B12, consulter nos fiches sur le sujet.
L'anémie est un problème de santé relativement fréquent qui se caractérise par un manque de globules rouges. Les globules rouges sont des cellules que l’on retrouve dans le sang. Ils servent entre autres à apporter de l’oxygène aux tissus et aux organes.
Les personnes atteintes d’anémie peuvent se sentir fatiguées et s’essouffler plus facilement qu’à l’habitude, car leur coeur doit travailler plus fort pour approvisionner leur corps en oxygène.
Selon l’Organisation mondiale de la Santé, 25 % de la population mondiale souffre d’anémie. La moitié de ces cas serait attribuable à une carence nutritionnelle en fer. Les femmes qui ont des menstruations abondantes, les enfants d’âge préscolaire et les femmes enceintes sont les plus à risque d’anémie.
La vie d’un globule rouge
Les reins sécrètent une hormone, l'érythropoïétine, qui commande à la moelle osseuse la fabrication de nouveaux globules rouges. Ces globules circulent dans le sang durant 120 jours. Puis, ils sont détruits dans la rate. Chaque jour, environ 1 % des globules rouges sont renouvelés.

Causes

Plusieurs situations peuvent donner lieu à une anémie.
  • Une carence en fer.
  • Une carence en vitamines.
  • Une maladie chronique ou une maladie de la moelle osseuse.
  • Une maladie génétique, qui entraîne par exemple une destruction trop rapide des globules rouges.
  • Une hémorragie, c’est-à-dire un écoulement de sang à l’extérieur des vaisseaux sanguins.
Globules rouges, fer et hémoglobine
Les globules rouges sont des cellules sanguines essentiellement constituées d’hémoglobine. L’hémoglobine est composée d’une protéine (la globine) et d’un pigment (l’hème). C’est ce dernier qui donne la couleur rouge au sang. Il fixe le ferqui transporte l’oxygène des poumons vers les cellules. L’oxygène est nécessaire à la production d’énergie dans les cellules et permet aux organes d’accomplir leurs fonctions. Le pigment lié à l’oxygène prend une teinte rouge vermeil et circule dans les artères. L’hémoglobine transporte aussi le dioxyde de carbone (rebut de la combustion de l’oxygène) des cellules vers les poumons. Elle devient alors rouge violacé et circule dans les veines.

Principaux types d'anémie

  • Anémie ferriprive. C'est la forme d’anémie la plus répandue. Les menstruations abondantes et une alimentation pauvre en fer en sont les causes les plus fréquentes. L’anémie ferriprive modifie la taille des globules rouges, qui deviennent plus petits que la normale (anémie microcytaire).
  • Anémie causée par une carence en vitamines. Ce type d’anémie produit des globules rouges déformés et très gros (anémie macrocytaire). Les plus courantes sont celles causées par une carence en vitamine B12 ou en vitamine B9 (acide folique). La première peut survenir en raison d’un apport alimentaire insuffisant en cette vitamine, de sa mauvaise absorption dans l’intestin ou d’une maladie appelée anémie pernicieuse.
  • Anémie causée par une maladie chronique. Plusieurs maladies chroniques (et parfois leurs traitements) peuvent réduire la quantité de globules rouges en circulation dans le sang. C’est le cas du cancer, de la maladie de Crohn et de maladies inflammatoires comme l’arthrite rhumatoïde. L’insuffisance rénale peut aussi provoquer l’anémie, car les reins sécrètent l’érythropoïétine, l’hormone qui stimule la production des globules rouges. Ceux-ci conservent toutefois leur taille et leur aspect normaux (anémie normocytaire).
  • Anémie hémorragique. Une perte de sang importante survenue après un grave accident, une intervention chirurgicale ou un accouchement, par exemple, peut rapidement causer une anémie. Certains problèmes gastro-intestinaux (un ulcère gastroduodénal, des polypes intestinaux ou un cancer colorectal) peuvent aussi y conduire, mais cette fois en entraînant une légère et constante perte de sang dans les selles (parfois invisible), sur une longue période.
  • Anémie hémolytique. Ce type d’anémie se caractérise par une destruction trop rapide des globules rouges. Elle peut être attribuable à une réaction du système immunitaire (auto-immune ou allergique), à la présence de toxines dans le sang, à des infections (par exemple, la malaria), ou encore être congénitale (anémie à hématies falciformes, thalassémie, etc.). La forme congénitale touche surtout les individus d’origine africaine.
  • Anémie sidéroblastique. Ce terme chapeaute un groupe d'anémies très rares dans lesquelles les globules rouges ne peuvent fixer le fer dans l’hémoglobine. Il s’agit d’un problème enzymatique d’origine héréditaire ou acquise. Les globules rouges sont alors de taille plus petite que la normale.
  • Anémie aplasique (ou aplastique). Cette maladie rare survient quand la moelle osseuse ne produit plus assez de cellules souches sanguines. Ainsi, il n’y a pas seulement un manque de globules rouges, mais aussi de globules blancs et de plaquettes sanguines. Dans 50 % des cas, l'anémie aplasique est causée par des agents toxiques, certains médicaments ou une exposition à des radiations. Elle peut aussi s'expliquer par de graves maladies, comme un cancer de la moelle osseuse (par exemple, une leucémie).

Diagnostic

Puisqu’on ne peut pas se baser uniquement sur les symptômes pour établir un diagnostic, il est nécessaire d’entreprendre un examen en laboratoire d’un échantillon de sang. Un hémogramme (formule sanguine complète) est normalement prescrit par le médecin.
Voici les 3 principaux paramètres :
  • Taux d’hémoglobine : la concentration d’hémoglobine (le pigment respiratoire que renferment les globules rouges) dans le sang, exprimée en grammes d’hémoglobine par litre de sang (g/l) ou par 100 ml de sang (g/100 ml ou g/dl).
  • Taux d’hématocrite : le rapport, exprimé en pourcentage, du volume qu’occupent les globules rouges d’un échantillon de sang (passé à la centrifugeuse) par rapport au volume de sang total que contient cet échantillon.
  • Compte de globules rouges : le nombre de globules rouges contenus dans un volume de sang donné, normalement exprimé en millions de globules rouges par microlitre de sang (millions/µl).
Valeurs normales
ParamètresFemme adulteHomme adulte
Taux d'hémoglobine normal (en g/l)138 ± 15157 ± 17
Taux d’hématocrite normal (en %)40,0 ± 4,046,0 ± 4,0
Compte de globules rouges (en millions/µl)4,6 ± 0,55,2 ± 0,7
Remarque. Ces valeurs du taux d’hémoglobine et du taux d’hématocrite correspondent à la norme pour 95 % des gens. Cela signifie que 5 % des individus ont des valeurs hors normes tout en étant en bonne santé. Par ailleurs, il se peut que des résultats qui se situent aux limites inférieures de la normale traduisent un début d’anémie s’ils étaient habituellement plus élevés.
D’autres analyses sanguines peuvent être requises afin de préciser un diagnostic et de découvrir la cause de l’anémie. Selon le cas, on peut réaliser l’examen de la taille des globules rouges, le dosage du fer ou de différentes vitamines dans le sang, etc.

Les symptômes de l'anémie

La plupart des personnes ayant une anémie légère ne le remarquent pas. L’intensité des symptômes varie selon sa gravité, le type d’anémie et sa vitesse d’apparition. Lorsque l’anémie apparaît progressivement, les symptômes sont moins évidents. Voici les principaux symptômes.
  • De la fatigue
  • Le teint pâle
  • L’accélération du rythme cardiaque et un essoufflement plus prononcé à l’effort
  • Les mains et les pieds froids
  • Des maux de tête
  • Des étourdissements
  • Une plus grande vulnérabilité aux infections (en cas d’anémie aplasique, d’anémie à hématies falciformes ou d’anémie hémolytique)
  • D’autres symptômes peuvent apparaître dans certaines formes graves d’anémie, comme des douleurs dans les membres, l'abdomen, le dos ou la poitrine, des troubles visuels, une jaunisse et de l’enflure aux membres.
Note. L’anémie accroît le risque de décès des suites d’une maladie, d’une crise cardiaque ou d’un accident vasculaire cérébral chez les personnes âgées.

Les personnes et facteurs de risque de l'anémie

Personnes à risque

  • Les femmes ayant des règles abondantes.
  • Les femmes enceintes ou qui allaitent, car elles sont plus à risque de carences nutritionnelles.
  • Les personnes dont l’héréditéles prédispose à l’anémie.
  • Les personnes atteintes d’une maladie chronique, d’une maladie auto-immune ou d’un trouble gastro-intestinal(pouvant engendrer des hémorragies ou interférer avec l’absorption des nutriments).
  • Les personnes âgées, car l’absorption des vitamines peut être compromise.
  • Les personnes exposées à des radiations nucléaires ou qui ont reçu des traitements de radiothérapie contre le cancer.
  • Les personnes atteintes d’une infection virale grave, comme une hépatite ou le virus de l’immunodéficience humaine (VIH).

Facteurs de risque

  • Une alimentation carencée en fer, en vitamine B9 (acide folique) ou en vitamine B12. Les végétaliens sont plus à risque d’un manque de vitamine B12 et de fer, car ils ne consomment pas de protéines animales.
  • L’alcoolisme.
  • La consommation de certains médicaments. Par exemple, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et les anticoagulants peuvent causer des saignements internes.

    D’autres médicaments peuvent interférer avec l’absorption ou le métabolisme de l’acide folique. À titre d’exemple, mentionnons le Dilantin®, un anticonvulsivant, et le méthotrexate, un immunosuppresseur. Ils peuvent engendrer une anémie par carence en acide folique lorsqu’ils sont pris à long terme. Le risque est accru chez les personnes dont les réserves en acide folique sont basses. Cette interaction étant bien connue, les personnes qui doivent prendre ce type de médicament reçoivent aussi une prescription de suppléments d’acide folique.
  • L’exposition à certains produits chimiques, notamment au plomb.

La prévention de l’anémie

Mesures préventives de base
La plupart des anémies liées à une carence alimentaire peuvent être prévenues par les mesures suivantes.
  • Avoir une alimentation qui contient suffisamment de fer, de vitamine B12 et d’acide folique. Les femmes enceintes ou qui allaitent, celles qui ont des menstruations abondantes et les personnes dont l’alimentation comporte un apport restreint ou nul en produits d’origine animale devraient y porter une attention particulière. Le corps peut faire des réserves d’acide folique durant 3 ou 4 mois, tandis que les réserves de vitamine B12 peuvent durer de 4 ans à 5 ans. Pour ce qui est du fer : un homme de 70 kg a des réserves pour environ 4 ans; et une femme de 55 kg, pour environ 6 mois.
    - Principales sources naturelles de fer : viande rouge, volaille, poisson et palourdes.
    - Principales sources naturelles de vitamine B12 : les produits d’origine animale et les poissons.
    - Principales sources naturelles de folate (acide folique dans sa forme naturelle) : les abats, les légumes à feuilles vert foncé (épinards, asperges, etc.) et les légumineuses.
  • Pour les femmes qui prévoient une grossesse, afin de prévenir le spina bifida chez le foetus, il est recommandé d’amorcer la prise d’acide folique (400 µg d'acide folique par jour en mangeant) au moins 1 mois avant la conception et de poursuivre durant les premiers mois de la grossesse.
    Par ailleurs, puisque la pilule contraceptive épuise l’acide folique, toute femme qui décide d'avoir un enfant devrait arrêter la contraception au moins 6 mois avant la conception pour que le foetus puisse bénéficier d’une quantité suffisante d’acide folique durant les premiers stades de son développement.
Autres mesures préventives
  • Si l’on souffre d'une maladie chronique susceptible de causer l'anémie, il est important d’avoir un suivi médical adéquat et de passer des tests sanguins à l’occasion. En discuter avec son médecin.
  • Prendre toutes les précautions nécessaires si l’on doit manipuler des produits toxiques.

Les traitements médicaux de l’anémie

Les traitements varient selon le type d’anémie. Les personnes à la santé fragile ou atteintes d’une autre maladie (cancer, maladie cardiaque, etc.) sont celles qui ressentent le plus les bienfaits des traitements.
  • Cesser la prise du médicamentqui cause l’anémie ou l’exposition à un produit toxique.
  • Corriger une carence en fer (par voie orale), en vitamine B12 (par voie orale ou sous forme d’injections) ou en acide folique (par voie orale), s’il y a lieu.
  • Pour les femmes ayant des menstruations abondantes, un traitement hormonal peut aider (pilule contraceptive, stérilet avec progestatif, danazol, etc.).
  • Traiter de façon optimale la maladie chronique à l’origine de l’anémie. Souvent, un traitement adéquat de cette dernière suffit à faire disparaître l'anémie.
  • En cas d’anémie sidéroblastique, la prise de pyridoxine (vitamine B6) peut contribuer au traitement.
  • En cas d’anémie hémolytique acquise (non congénitale), des immunosuppresseurs et des corticostéroïdes sont prescrits.
  • En cas d’anémie à hématies falciformes, les crises douloureuses sont soulagées à l’aide d’analgésiques.
  • En cas d’anémie grave, des injections d'érythropoïétine synthétique, une transfusion sanguine ou une transplantation de moelle osseuse peuvent être envisagées, selon le cas.
Soins particuliers
Pour les gens atteints d'anémie aplasique, d’anémie hémolytique ou d’anémie à hématies falciformes, certaines précautions s'imposent.
  • Se prémunir contre les infections. L’anémie aplasique, qui atteint aussi les globules blancs, accroît la vulnérabilité aux infections. Se laver souvent les mains avec un savon antiseptique, éviter les contacts avec des gens malades, dormir suffisamment, se faire vacciner et suivre une thérapie aux antibiotiques au besoin.
  • Bien s’hydrater. Une mauvaise hydratation augmente la viscosité du sang et peut provoquer des crises douloureuses ou engendrer des complications, surtout en cas d’anémie à hématies falciformes.
  • Éviter les exercices trop intensifs. D'une part, même des exercices légers peuvent causer de la fatigue chez une personne anémique. D'autre part, en cas d'anémie prolongée, il est important de ménager le coeur. Celui-ci doit travailler beaucoup plus en raison du transport déficient de l'oxygène lié à l'anémie.
  • Attention aux impacts, aux coupures et aux blessures. Chez les personnes qui ont un faible taux de plaquettes sanguines, le sang coagule moins bien et les pertes de sang sont à éviter le plus possible. Par exemple, se raser avec un rasoir électrique plutôt qu'avec une lame, préférer les brosses à dents à poils doux et s’abstenir de pratiquer des sports de contact.

Les approches complémentaires de l'anémie

 Toucher thérapeutique. Un seul essai clinique aléatoire a été publié à ce sujet. Dans cet essai, portant sur 92 étudiants souffrant d'anémie, les sujets du groupe expérimental ont reçu 3 traitements de toucher thérapeutique durant 15 à 20 minutes, à 3 jours d’intervalle. Les sujets du groupe placebo ont reçu, à la même fréquence, des traitements simulant les mouvements du toucher thérapeutique et les sujets du groupe témoin n’ont reçu aucune intervention. Les résultats indiquent une hausse des taux d’hémoglobine et de l’hématocrite autant chez les sujets du groupe expérimental que chez ceux du groupe placebo contrairement au groupe témoin. Cependant, l’augmentation des taux d’hémoglobine a été plus importante dans le groupe de toucher thérapeutique que dans le groupe placebo.
 Pharmacopée chinoise. Diverses décoctions qui servent à tonifier les Reins et à régénérer le Sang sont employées en Médecine traditionnelle chinoise pour traiter l’anémie. Traditionnellement, les médecins chinois emploient aussi le cordyceps et le bois de velours, une substance veloutée qui recouvre les panaches du cerf rouge et du wapiti.

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