Les coliques du nourrisson se caractérisent par des épisodes de pleurs ou de cris difficiles à calmer, voire inconsolables, qui surviennent chez les bébés en bonne santé de 4 mois et moins.
Ces crises de pleurs surviennent le plus souvent en fin de journée ou le soir, sans qu’une cause médicale claire ne puisse être identifiée. Les pleurs débutent et cessent sans raison apparente.
En fait, les coliques ne répondent pas à une définition médicale très précise, puisqu’on n’en connaît pas les causes exactes. Les médecins considèrent généralement qu’il s’agit de coliques, ou pleurs excessifs, lorsque le nourrisson va bien, grandit normalement, mais qu’il pleure :
- plus de trois heures par jour,
- plus de trois fois par semaine,
- depuis plus de trois semaines.
Cette définition correspond à la règle des 3 » de Wessel.
Cependant, comme la définition médicale des coliques n’est pas très précise et comme les pleurs ne durent pas forcément trois heures par jour, les parents, souvent inquiets, ont tendance à consulter rapidement un pédiatre afin de poser un diagnostic.
Qui est touché ?
On estime qu’environ 25 à 40 % des nourrissons de moins de 4 mois souffrent de coliques, qu’ils soient allaités ou nourris au biberon.
Les coliques débutent généralement vers l’âge de 3 semaines, pour être plus intenses vers la 8ème semaine et s’estomper naturellement autour de l’âge de 3 mois.
Les pleurs excessifs du nourrisson sont, avec les problèmes de sommeil, la première cause de consultation médicale chez les bébés de moins de 3 mois.
Causes de la maladie
Malgré de nombreuses années de recherche consacrées aux pleurs excessifs chez le nourrisson, les causes des coliques ne sont pas connues. Aucune cause organique (maladie, lésion, etc.) n’est à constater et les nourrissons souffrant de coliques grandissent et se développent bien.
Il faut savoir qu’il n’y a pas de consensus clair quant à savoir si ces pleurs intenses sont anormaux ou s’ils sont l’expression normale, plus ou moins intense, du développement du nourrisson.
Il faut savoir qu’il n’y a pas de consensus clair quant à savoir si ces pleurs intenses sont anormaux ou s’ils sont l’expression normale, plus ou moins intense, du développement du nourrisson.
Les théories sur la cause des coliques sont multiples et variées. L’immaturité biologique et psychologique du bébé est souvent mise en avant.
Traditionnellement, on attribue ces crises tour à tour :
- À l’immaturité du système digestif causant des douleurs gastro-intestinales et des gaz,
- À l’angoisse du soir,
- Au besoin d’être rassuré,
- À un excès de stimulations sensorielles,
- Au besoin d’évacuer les tensions de la journée,
- À l’anxiété de la mère.
Plusieurs études récentes pointent le rôle potentiel d’une intolérance ou d’une allergie aux protéines bovines, qui irriteraient le système digestif de l’enfant ou en modifieraient la flore. Il est vrai que pendant les crises de coliques, les bébés donnent l’impression d’avoir mal au ventre, d’avoir des gaz et d’être soulagés lorsqu’ils sont portés allongés sur le ventre, reposant sur l’avant-bras du parent.
Les protéines bovines sont présentes dans le lait maternisé en poudre, mais aussi dans le lait maternel lorsque la mère consomme des produits laitiers ou de la viande de bœuf.
Évolution et complications possibles
Les coliques du nourrisson sont bénignes et transitoires. Elles s’estompent naturellement vers l’âge de 3 ou 4 mois et au maximum à l’âge de 6 mois, sans aucun traitement spécifique.
Il ne faut toutefois pas hésiter à demander de l’aide car elles peuvent être une source importante de stress au sein des familles ou même de détresse parentale. Dans les cas extrêmes, elles peuvent perturber gravement la relation parents–enfant et mener à une dépression chez la mère, voire à des gestes de maltraitance.
Remarque Un nourrisson qui pleure beaucoup n’est pas forcément atteint de coliques. Mieux vaut obtenir un avis médical pour éliminer toute cause grave pouvant expliquer ces pleurs. Ainsi, des maladies comme le reflux gastro-oesophagien, une hernie inguinale, une otite, une intolérance au lactose ou une constipationgrave peuvent générer des pleurs intenses chez les nourrissons. |
Les symptômes des coliques du nourrisson
Les coliques du nourrisson se caractérisent par :
- des cris intenses et aigus, différents des pleurs de faim, se produisant habituellement en fin de journée, mais pouvant aussi survenir à d’autres moments de la journée ou de la nuit.
- une agitation physique avec les poings serrés, le visage rouge, les jambes repliées sur le ventre et agitées, le dos arqué, le ventre dur et apparemment sensible.
- éventuellement des gaz.
Ces crises, qui surviennent chez un bébé en santé et qui grandit bien, peuvent durer de quelques minutes à 3 heures ou plus. Les pleurs paraissent inconsolables, même si le bébé est parfois soulagé lorsqu’il est pris dans les bras, allongé sur le ventre, bercé ou promené.
Les coliques peuvent apparaître dès la deuxième ou troisième semaine de vie. Elles atteignent généralement une intensité plus forte vers 6 ou 8 semaines, puis diminuent progressivement.
A 3 mois, 60% des coliques sont résolues. A 4 mois, elles ont disparu dans 90% des cas.
Les personnes et facteurs de risque des coliques du nourrisson
Personnes à risque
Les coliques n’affectent par définition que les nourrissons de moins de 4 mois, et touchent autant les garçons que les filles.
Facteurs de risque
Bien qu’on ne sache pas précisément ce qui cause les coliques, certains facteurs semblent augmenter le risque (mais le lien n’est pas toujours clairement prouvé) :
- le tabagisme de la mère pendant la grossesse et après
- l’âge de la mère compris entre 30 et 34 ans
- le fait qu’il s’agisse d’un premier enfant
- en cas d’allaitement, le fait que la mère ait un réflexe d’éjection puissant (jets de lait) peut causer un inconfort digestif en augmentant le taux de lactose ingéré, qui est difficile à digérer.
La prévention des coliques du nourrisson
Peut-on prévenir ? |
Il n’est pas possible de prévenir les coliques, puisqu’on n’en connaît pas les causes. Il est bien sûr recommandé à la mère et au père de ne pas fumer, ni pendant la grossesse ni après. Cependant, il est possible d’adopter des mesures simples pour vivre ces moments pénibles du mieux possible et éviter d’aggraver la situation :
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Les traitements médicaux des coliques du nourrisson
Aussi pénibles soient-elles, il n’existe malheureusement pas de remède miracle pour supprimer les coliques. Ce trouble étant mal défini, il n’existe pas non plus de recommandations internationales pour en guider la prise en charge.
Aucun médicament n’a d’ailleurs donné de preuves formelles de son efficacité, et certains médicaments comme la siméthicone ou la dicyclomine, autrefois utilisés, sont déconseillés en raison de leurs effets secondaires.
Le traitement repose sur la patience des parents et sur quelques mesures destinées à soulager enfant et parents.
Se rassurer en tant que parents
Plus que l’enfant, ce sont les parents qui souffrent des coliques. Celles-ci affectent la qualité de vie, en générant une angoisse importante dans la période délicate que sont les premières semaines après l’accouchement. Si elles surviennent la nuit, elles peuvent aussi affecter le sommeil. Elles peuvent augmenter le risque de dépression post-partum et altérer le lien entre les parents et l’enfant.
Le premier conseil à appliquer est de se rassurer en tant que parent, car il est facile de se croire mauvais, incapable de calmer son enfant, ou même de culpabiliser car on ne supporte plus ces hurlements.
Il faut garder en tête que les coliques sont un trouble bénin, temporaire et fréquent. Et qu’elles sont, par définition, difficiles voire impossibles à consoler! L’anxiété des parents ne peut qu’aggraver l’inconfort du bébé, qui se sentira moins en sécurité dans les bras d’un parent stressé.*
Remarque Se sentir dépassé(e) ou exaspéré(e) par les pleurs de son bébé peut arriver n’importe quand et à n’importe qui. Si les cris sont trop difficiles à supporter, il faut savoir demander de l’aide, pour se ménager des plages de répit. Si on est seul à la maison et qu’on se sent démuni, certains organismes peuvent apporter du soutien par téléphone. Enfin, mieux vaut poser son bébé dans son lit, en sécurité, fermer la porte de sa chambre et s’isoler au calme quelques instants plutôt que de perdre patience et de risquer un geste violent envers lui. |
Calmer l’enfant
Pendant les crises de pleurs, l’enfant a besoin d’être réconforté, à défaut de pouvoir être consolé. Le fait de s’isoler avec lui dans une pièce calme, sans trop de lumière ni de bruit, peut l’aider à se calmer.
Chaque parent peut aussi trouver ce qui calme son bébé. Selon les cas, il peut être efficace de le bercer, de chanter, de chuchoter à son oreille, de lui donner un bain, de le promener (poussette, voiture, porte-bébé). Mais ce qui fonctionne un soir pourrait s’avérer inefficace le lendemain !
Il est reconnu que :
- les mouvements rythmiques sont parfois efficaces
- la succion (d’un doigt, d’une tétine ou du sein) a également des vertus apaisantes et permet parfois d’arrêter les pleurs
- le son Shhhhh permet de rassurer les bébés et de les calmer.
Suivre un régime hypoallergène
Ces dernières années, plusieurs études et revues de littérature ont montré l’efficacité de certaines stratégies alimentaires pour réduire l’intensité des coliques. Bien que les résultats soient inconstants d’un enfant à l’autre et que les études ne portent que sur un petit nombre de bébés, cela peut valoir le coup d’essayer.
- Ainsi, chez l’enfant nourri au lait maternisé, il peut être efficace de substituer les préparations à base de lait de vache classiques par un hydrolysat de lactosérum ou de caséine, sur conseil médical.
- Lorsque le bébé est allaité, la mère peut suivre un régime sans lait de vache et sans ses dérivés (ni beurre, ni fromage, ni crème, etc). Plusieurs études ont montré qu’un régime non allergène pouvait réduire les coliques.
Il semble toutefois que les régimes n’excluant que les protéines bovines sont moins efficaces que les régimes hypoallergènes très stricts, excluant également les noix, le soja, les œufs, le poisson, le blé et les cacahuètes. C’est du moins ce que suggère une étude menée en 2005 sur 107 nourrissons. Cependant, un tel régime est extrêmement contraignant et la mère doit bénéficier d’un complément de calcium et d’un suivi nutritionnel pour ne pas être carencée.
Remarque Il faut attendre 7 à 10 jours avant de voir l’efficacité éventuelle d’un tel régime. S’il n’y a aucun changement, il est inutile de continuer. |
Les approches complémentaires des coliques du nourrisson
Les coliques n’étant pas un trouble grave et ne bénéficiant pas de traitement médical bien défini, plusieurs approches complémentaires peuvent être envisagées sans risque pour tenter de soulager l’enfant. |
Probiotiques. Les probiotiques constituent une approche prometteuse pour soulager les bébés souffrant de coliques. Ils font l’objet de plus en plus d’études et on sait aujourd’hui qu’ils peuvent modifier la flore intestinale des nourrissons, notamment en limitant le développement de certaines souches de bactéries responsables de gaz intestinaux.
Les probiotiques pourraient aussi diminuer l’inflammation intestinale, potentiellement en cause dans les douleurs des nouveau-nés.
Plusieurs études cliniques récentes ont montré que l’apport de probiotiques de type Lactobacillus reuteri permettait de diminuer les pleurs chez les bébés ayant des coliques.
Fenouil. Traditionnellement, le fenouil est utilisé comme antispasmodique, anti-inflammatoire, analgésique… Les tisanes à base de fenouil ou les émulsions de graines de fenouil sont un remède traditionnel contre les coliques et les gaz des nourrissons. Trois études ont montré la supériorité de l’extrait de fenouil par rapport au placebo pour réduire les pleurs, qu’il soit utilisé seul ou dans une tisane contenant de la camomille, de la verveine, de la réglisse et de la mélisse officinale (jusqu’à 3 fois par jour à raison de 150 ml par dose).
Il est toutefois très déconseillé de remplacer du lait par des tisanes et leur usage doit donc être limité, d’autant que leur composition est souvent non contrôlée et non standardisée et que certaines substances peuvent être dangereuses pour les nourrissons.
Manipulations vertébrales. Certaines études à répartition aléatoire ont évalué l’efficacité des manipulations chiropratiques, sans montrer d’efficacité formelle.
En 2012, une analyse Cochrane de 6 études (portant sur un total de 325 enfants de moins de 6 mois) a évalué l’efficacité de la chiropratique, de l’ostéopathie et de l’ostéopathie crânienne pour réduire les coliques. Malheureusement, le manque de rigueur de la plupart des études évaluées (non réalisées en aveugle) ne permet pas de conclure à une diminution significative de la durée et de l’intensité des pleurs, bien que les études prises individuellement montre une certaine amélioration.
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