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La maladie de Crohn est une maladie inflammatoire chronique du système digestif, qui évolue par poussées (ou crises) et phases de rémission. Elle se caractérise principalement par des crises de douleurs abdominales et de diarrhée, qui peuvent durer plusieurs semaines ou plusieurs mois. Fatigue, perte de poids et même dénutrition peuvent survenir si aucun traitement n’est entrepris. Dans certains cas, des symptômes non digestifs, qui touchent la peau, les articulations ou les yeux peuvent être associés à la maladie.
En cas de maladie de Crohn, l’inflammation peut toucher n’importe quelle partie du tube digestif, de la bouche à l’anus. Mais le plus souvent, elle s’installe à la jonction de l’intestin grêle et du côlon (gros intestin) (voir schéma).
Maladie de Crohn ou colite ulcéreuse?
La maladie de Crohn a été décrite pour la première fois en 1932 par un chirurgien américain, le Dr Burril B. Crohn. Elle ressemble en plusieurs aspects à la colite ulcéreuse, une autre maladie inflammatoire fréquente de l'intestin. Pour les distinguer, les médecins utilisent différents critères. La colite ulcéreusene touche qu’un segment délimité du rectum et du côlon. Pour sa part, la maladie de Crohn peut atteindre d'autres parties du tube digestif, de la bouche aux intestins (parfois en laissant des zones saines). Il arrive qu’il ne soit pas possible de distinguer ces deux maladies. On appelle alors l’affection colite indéterminée.

Prévalence

Au Canada, la maladie de Crohn touche environ 50 personnes par 100 000 de population dans les pays industrialisés, mais il y a une très grande variabilité selon la région géographique. L’endroit au monde où il y a le plus de cas rapportés est en Nouvelle Écosse, une province Canadienne, où le taux grimpe à 319 pour 100,000 personnes. Au Japon, en Roumanie et en Corée du Sud, le taux est à moins de 25 pour 100,000.
La maladie peut survenir à tout âge, y compris dans l’enfance. Elle est habituellement diagnostiquée ches les personnes de 10 à 30 ans.

Causes

La maladie de Crohn est due à une inflammation persistante des parois et des couches profondes du tube digestif. Cette inflammation peut entraîner un épaississement des parois à certains endroits, des fissures et des plaies à d’autres. Les causes de l’inflammation sont inconnues et vraisemblablement multiples, impliquant des facteurs génétiques, auto-immuns et environnementaux.
Facteurs génétiques. Bien que la maladie de Crohn ne soit pas une maladie entièrement génétique, certains gènes peuvent augmenter les risques d’en être atteint. Ces dernières années, les chercheurs ont découvert plusieurs gènes de susceptibilité, dont le gène NOD2/CARD15, qui multiplie par 4 ou 5 le risque de souffrir de la maladie. Ce gène joue un rôle dans le système de défense de l’organisme. Cependant, d’autres facteurs sont nécessaires pour que la maladie survienne. Comme dans bien d’autres maladies, il semble qu’une prédisposition génétique combinée à des facteurs de l’environnement ou du mode de vie déclenche la maladie.
Facteurs auto-immuns. Comme la colite ulcéreuse, la maladie de Crohn a des caractéristiques de maladie auto-immune. Les chercheurs pensent que l’inflammation du tube digestif serait liée à une réaction immunitaire excessive de l’organisme contre des virus ou des bactéries présents dans l’intestin.
Facteurs environnementaux. On remarque que l’incidence de la maladie de Crohn est plus élevée dans les pays industrialisés et tend à augmenter depuis 1950. Cela laisse croire que des facteurs environnementaux, probablement liés au mode de vie occidental, pourraient avoir une influence importante sur l’apparition de la maladie. Cependant, aucun facteur spécifique n’a encore été décelé. Plusieurs pistes sont cependant à l’étude. L’exposition à certains antibiotiques, en particulier de la classe des tétracyclines, est un facteur de risque potentiel. Les fumeurs sont plus à risque de développer la maladie. Les personnes trop sédentaires sont plus affectées que les personnes qui sont plus actives.
Il est possible, mais il n’y a pas de preuve absolue,  que l’alimentation trop riche en mauvais gras, en viande et en sucre augmente le risque. On a longtemps pensé que le stress pouvait déclencher des crises. Cependant, les études réalisées jusqu’à présent semblent réfuter cette hypothèse.
Les chercheurs se penchent surtout sur le rôle éventuel d’une infection par un virus ou une bactérie (salmonella, campylobacter) dans le déclenchement de la maladie. Outre une infection par un microbe extérieur, un déséquilibre de la flore intestinale (c’est-à-dire des bactéries naturellement présentes dans le tube digestif) pourrait aussi être en cause.
Par ailleurs certains éléments semblent exercer un effet protecteur. Il s’agit de la diète riche en fibres et en fruits, le contact avant l’âge d’un an avec des chats ou des animaux de la ferme, l’appendicectomie, de même que d’avoir eu une gastroentérite ou des infections respiratoires. Il n’y a par ailleurs aucune association entre le vaccin RRO (rougeole-rubéole-oreillons) et la maladie de Crohn.

Évolution de la maladie

Il s’agit d’une maladie chronique qui est présente toute la vie. Le plus souvent, la maladie de Crohn évolue par poussées entrecoupées de périodes de rémission qui peuvent durer plusieurs mois. Environ 10 % à 20 % des personnes présentent une rémission durable après la première poussée de la maladie. Les récidives (ou crises) se succèdent de façon assez imprévisible et sont d’intensité variable. Il arrive parfois que les symptômes soient tellement intenses (incapacité à s’alimenter, hémorragies, diarrhées, etc.) qu’une hospitalisation devient nécessaire.

Complications et conséquences possibles

La maladie de Crohn peut entraîner divers problèmes de santé. La gravité des symptômes et des complications varie toutefois énormément d’une personne à l’autre.
Complications possibles
  • Une obstruction du tube digestif. L’inflammation chronique peut entraîner un épaississement de la paroi du tube digestif, pouvant conduire à un blocage partiel ou total du tube digestif. Cela peut entraîner des ballonnements, de la constipation, voire des vomissements de matières fécales. Une hospitalisation d’urgence peut être nécessaire pour éviter une perforation de l’intestin.
  • Des ulcères dans la paroi du tube digestif.
  • Des plaies autour de l'anus (des fistules, des fissures profondes ou des abcès chroniques).
  • Des hémorragies du tube digestif, rares mais parfois graves.
  • Les personnes atteintes de la maladie de Crohn au côlon ont un risque légèrement accru d’être victimes d’un cancer du côlon, surtout après plusieurs années de maladie, et même si elles sont en traitement. Il est donc conseillé de subir un dépistage précoce et régulier du cancer du côlon.
Conséquences possibles
  • Une dénutrition, car durant les crises, les malades ont tendance à moins manger en raison des douleurs. De plus la capacité d’absorber les aliments à travers la paroi de l’intestin est compromise, en langage médical on parlera de malabsorption.
  • Un retard de croissance et de puberté chez les enfants et les adolescents.
  • Une anémie ferriprive, en raison de saignements dans le tube digestif, qui peut survenir à bas bruit et être invisible à l’œil nu.
  • D'autres problèmes de santé, comme de l'arthrite, des affections de la peau, une inflammation des yeux, des ulcères buccaux, des calculs rénaux ou des calculs biliaires.
  • La maladie de Crohn, lorsqu’elle est en phase active, augmente le risque d’avortement spontané chez les femmes enceintes qui en sont atteintes. Elle peut rendre difficile la croissance du foetus. Il est donc important que les femmes qui souhaitent devenir enceintes contrôlent très bien leur maladie à l’aide de traitements et en discutent avec leur médecin.

Les symptômes de la maladie de Crohn

La maladie de Crohn peut toucher n’importe quelle partie du tube digestif. Les symptômes (et leur intensité) sont variables d’un cas à l’autre.

Symptômes principaux

  • Des douleurs et crampes abdominales fréquentes, qui s'accentuent après les repas.
  • Une diarrhée chronique (qui dure plus de 2 semaines).
  • De la fatigue et un malaise général.
  • Un faible appétit et une perte de poids, même avec un régime alimentaire équilibré.

Autres

  • Du sang dans les selles, parfois en quantité importante (hémorragies).
  • Des glaires dans les selles. Les glaires sont un mucus épais et filant ayant la consistance d’un blanc d’oeuf.
  • Des nausées et des vomissements.
  • Une légère fièvre (de 38 ºC à 40 ºC).
  • Des douleurs aux articulations.

Les personnes à risque et les facteurs de risque de la maladie de Crohn

Personnes à risque

  • Les personnes ayant des antécédents familiaux de maladie inflammatoire de l'intestin (maladie de Crohn ou colite ulcéreuse). Ce serait le cas pour 10 % à 25 % des personnes atteintes.
  • Certaines populations sont plus à risque que d’autres, en raison de leur patrimoine génétique. La communauté juive (d’origine ashkénaze), par exemple, serait de 4 à 5 fois plus touchée par la maladie de Crohn.

Facteurs de risque

  • Le tabagisme accroît le risque d’être atteint de la maladie de Crohn.

La prévention de la maladie de Crohn

Peut-on prévenir?
Comme on ne connaît pas précisément les causes de la maladie, aucun moyen de la prévenir n'est connu.
Une étude publiée en 2010, menée auprès de plus de 67 000 femmes en France, a toutefois montré qu’une consommation importante de protéines animales (viandes et poissons) était associée à un risque accru de souffrir de la maladie. Ces données restent à confirmer pour les hommes et les enfants.
Mesures pour prévenir l’aggravation et les récidives
Suivre le traitement à la lettre. Le traitement, s’il est adapté et bien suivi, permet de réduire la fréquence des crises et de prévenir l’aggravation des lésions.
Ne pas fumer. Le tabagisme, même léger, augmente l’intensité des symptômes, le nombre de récidives et d’interventions chirurgicales liées à la maladie.
Éviter les médicaments anti-inflammatoires en vente libre ou sur ordonnance (voir la liste dans la section Traitements ci-dessous). Ceux-ci sont contre-indiqués, car ils peuvent déclencher une crise ou aggraver les symptômes. Comme antidouleur, privilégier l’acétaminophène. Aux doses recommandées, l’acétaminophène (Tylenol®) est sans danger pour le système digestif.
Remarque
L’alimentation. Plusieurs études se sont penchées sur l’utilité de divers changements du régime alimentaire pour prévenir les récidives. Certaines ont testé l’effet d’un apport réduit en sucres raffinés et accru en oméga-3. D’autres ont testé l’exclusion de certains aliments. Ces expériences n’ont toutefois pas permis de découvrir une diète particulière qui permettrait de prolonger la durée des périodes de rémission chez la majorité des patients.
Dans certains cas, il semble toutefois que certains aliments aggravent les symptômes, mais ces aliments varient d’une personne à l’autre. Il peut s’agir de la viande rouge, des céréales (blé ou maïs), des produits laitiers, de certains fruits ou légumes, etc. Il est conseillé à chaque personne atteinte de découvrir ces aliments, par exemple en notant dans un carnet la composition des repas et l’intensité des symptômes après chaque repas. Certains médecins suggèrent d’exclure les aliments déclencheurs pendant 2 à 4 semaines pour voir si les symptômes s’atténuent ou non. En effet, les réactions aux aliments ne sont pas nécessairement immédiates.

Les traitements médicaux de la maladie de Crohn

Il n’existe pas de traitement permettant de guérir la maladie de Crohn. L’objectif du traitement est de corriger les insuffisances alimentaires et de contrôler l'inflammation ce qui aura pour effet de soulager la douleur, la diarrhée et les autres symptômes. Pendant les périodes de rémission, il est souvent nécessaire de suivre un traitement d’entretien pour diminuer la fréquence des rechutes et limiter la progression des lésions. Dans la majorité des cas, il faut souligner que les traitements actuels permettent de bien contrôler la maladie.
Puisque la maladie évolue par poussées entrecoupées de périodes de rémissions, il est parfois difficile pour le médecin d’évaluer l’efficacité des traitements entrepris. Pour mieux juger de l’efficacité d’un traitement, il est donc recommandé de tenir un journal où l’on note quotidiennement :
- le nombre de selles;
- l'état des selles (liquides ou solides);
- la fréquence, la durée et l'intensité (sur une échelle de 1 à 10, par exemple) des douleurs abdominales ou des crampes d'estomac;
- la qualité de l'appétit;
- les aliments qui aggravent les symptômes;
- les moments de la journée où les symptômes sont le plus présents;
- le poids (chaque semaine).

Médicaments

Anti-inflammatoires

Il s’agit des traitements prescrits en première ligne pour calmer l’inflammation en cas de crise. Les choix du médicament et de sa voie d’administration dépendent de l’intensité des symptômes et de leur localisation dans le système digestif.
  • Les aminosalicylates (ou dérivés salicylés), parmi lesquels la sulfasalazine (Azulfidine®) et la mésalazine ou mésalamine (Rowasa®, Canasa®, Asacol® Pentasa®, Apriso™, Lialda®, Mezavant®) sont administrés par voie orale, rectale (suppositoires) ou par lavement. Ils sont utilisés à la fois pour calmer les poussées et pour maintenir la rémission. Les effets secondaires les plus courants sont les nausées, les vomissements et les maux de tête.
  • Si les aminosalicylates intestinaux ne suffisent pas à soulager les symptômes, le médecin suggère des anti-inflammatoires plus puissants, comme les corticostéroïdes oraux, qui ont un effet anti-inflammatoire général. Les corticostéroïdes les plus communément prescrits pour soigner la maladie de Crohn sont la prednisone et la prednisolone. Ils sont habituellement employés pendant quelques semaines, jusqu’à ce que la rémission soit obtenue. La dose est ensuite diminuée progressivement. Dans certains cas où la maladie est localisée et modérément active, le budésonide, un corticoïde qui agit localement dans le tube digestif, donc avec moins d’effets secondaires, peut être proposé.

    Les corticostéroïdes oraux à effet systémiques comportent cependant des risques d’effets indésirables plus marqués, qui limitent leur usage à long terme. Il s’agit notamment d’une prise de poids, d’acné, d’une pilosité accrue, de troubles de l’humeur et d’insomnie. À long terme, les corticostéroïdes peuvent aussi induire une ostéoporose.

Immunomodulateurs et biothérapies

Les immunomodulateurs (dont les immunosuppresseurs) agissent de manière très ciblée sur certains acteurs du système immunitaire pour calmer les réactions inflammatoires. Ces médicaments sont généralement utilisés pour maintenir la rémission après le traitement d’attaque par aminosalicylates ou corticostéroïdes. Ils contribuent aussi à la guérison des fistules. Le 6-mercaptopurine (6-MP, Purinethol®) et l'azathioprine (Imuran®) sont les immunomodulateurs les plus souvent prescrits aux personnes atteintes de la maladie de Crohn. Le méthotrexate (Rheumatrex®) peut aussi être employé. Ces médicaments peuvent causer des effets indésirables (nausées, vomissement, diarrhée) et diminuer la résistance aux infections si la dose est mal ajustée.
Les agents anti-TNF alpha, comme l’infliximab (Remicade®) ou l’adalimumab (Humira®), sont des médicaments récents qui ciblent le facteur de nécrose tumoral (TNF), une substance jouant un rôle dans l’inflammation. Ces médicaments sont réservés aux patients qui ont des symptômes modérés à graves et chez qui les autres médicaments sont inefficaces ou causent trop d’effets indésirables. Ils peuvent aussi être utilisés comme traitements d’entretien.

Autres médicaments

Des antibiotiques peuvent être prescrits en cas d’aggravation soudaine des symptômes causée par une infection intestinale. Les antibiotiques permettent également de traiter les abcès et les plaies situées dans la région anale.
Dans certains cas, des antidiarrhéiques peuvent contribuer à réduire la diarrhée. Du psyllium ou de la méthylcellulose permettent notamment de réguler le transit. Cependant, les antidiarrhéiques ou les laxatifs peuvent aussi irriter le tube digestif et causer des complications graves chez les personnes atteintes d’une maladie inflammatoire intestinale. Il est impératif de demander conseil à votre médecin avant de prendre un antidiarrhéique, un antispasmodique ou un laxatif, quel qu’il soit.
Des suppléments de fer, à prendre par voie orale, peuvent être nécessaires en cas d’anémie.
Les analgésiques soulagent les légères douleurs abdominales. Privilégier l'acétaminophène (Tylenol®).
Important : les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), comme l'aspirine, l'ibuprofène (Advil®, Motrin®) ou le naproxène (Aleve®) sont contre-indiqués chez les personnes atteintes de la maladie de Crohn, car ils peuvent aggraver les symptômes ou déclencher une crise aiguë.

Alimentation

Durant les crises. Afin d’alléger les malaises, on conseille de diminuer la consommation de fibres alimentaires (produits de boulangerie à la farine de blé entier, plusieurs fruits et légumes crus ou non pelés, etc.). Notons que ces aliments n’ont pas d’effet néfaste en soi sur le tube digestif. Mais les fibres alimentaires, en augmentant le volume des selles, font pression sur la paroi enflammée des intestins, ce qui a pour conséquence d’accroître les troubles digestifs. Quand la crise s’estompe, ces restrictions ne sont plus nécessaires.
S’informer auprès de son médecin, d’une nutritionniste ou d’une association de patients pour en savoir plus sur le type d’aliments à privilégier durant les crises.
Alimentation de soutien. Bien que ce soit rare, il arrive que l’intestin trop irrité n’arrive plus à absorber correctement les nutriments. Pour éviter la dénutrition, il est alors possible d’injecter des solutions nutritives par voie intraveineuse (nutrition parentérale). Il s’agit de suppléments de complexes vitaminiques et de minéraux et de préparations liquides hautement caloriques. Cela permet d’éviter les carences, notamment en protéines, en vitamines (A, acide folique, B12, C, D, E et K) et en minéraux (calcium, cuivre, fer, magnésium, sélénium et zinc). La personne peut reprendre une alimentation normale dès que l’atténuation des symptômes le permet.

Chirurgie

Une intervention chirurgicale est parfois nécessaire, surtout en cas de complications (fistules, obstruction complète du tube digestif ou ulcère perforé). Si une section du tube digestif est trop abîmée par l’inflammation, il est possible de retirer cette section par chirurgie puis de relier les deux extrémités entre elles. La chirurgie peut donc traiter certaines complications, mais la maladie demeure présente.

Maladie de Crohn - Approches complémentaires

Important. À cause de l’imprévisibilité, tant de la survenue des crises que de la durée des périodes de rémission, l’effet thérapeutique des approches complémentaires suivantes est difficile à évaluer. Il est préférable de consulter son médecin avant d’entreprendre tout traitement.
 Absinthe (Artemisia absinthium). En 2007, des chercheurs ont évalué les effets d’un traitement adjuvant à base de poudre d’absinthe, une plante aux propriétés médicinales diverses. Quarante personnes atteintes de la maladie de Crohn ont participé à cette étude contrôlée avec un placebo. Deux groupes de 20 sujets devaient prendre, durant 10 semaines, soit la préparation à base d’absinthe (SedaCrohn®) soit un placebo, à raison de 3 capsules 2 fois par jour. Ces traitements étaient pris en association avec de la cortisone et les médicaments usuels pour la maladie. Après 8 semaines de traitement à l’absinthe, 13 personnes sur 20 ont rapporté une rémission presque complète de leurs symptômes, et aucune dans le groupe placebo. De plus, dans le groupe placebo, 16 personnes sur 20 ont vu leurs symptômes s’exacerber lorsque leur dose de corticostéroïde a été diminuée, contre seulement 2 sur 20 dans le groupe ayant reçu le SedaCrohn®. Bien qu’il s’agisse d’un petit nombre de patients et que les résultats devront être confirmés par d’autres études, cela suggère que l’absinthe améliorerait l’efficacité de la cortisone. En 2010, les mêmes chercheurs ont montré que l’absinthe pourrait agir en diminuant le taux de TNF-alpha, une substance exacerbant l’inflammation chez les personnes atteintes de la maladie de Crohn.
 Huiles de poisson et oméga-3. Une revue systématique publiée en 2005 a recensé 11 études sur l’effet des huiles de poisson pour soulager les symptômes liés à l’inflammationdes voies digestives (maladie de Crohn et colite ulcéreuse). L’analyse de l’ensemble des données n’a toutefois pas permis de juger de leur efficacité clinique. En 2009, une revue systématique s’est penchée sur l’utilité des acides gras oméga-3 pour maintenir la rémission chez des personnes atteintes de la maladie de Crohn. Six études ont été analysées et les auteurs ont conclu que les oméga-3 étaient probablement inefficaces. Consultez notre fiche Huiles de poisson.
 Probiotiques. Les probiotiques sont des bactéries utiles qui permettent de restaurer la flore bactérienne naturelle du système digestif. La bactérie Lactobacillus acidophilus en est un exemple. La flore intestinale est souvent perturbée par l'inflammation chronique. Quelques essais préliminaires ayant combiné traitement classique et différents probiotiques ont donné des résultats décevants avec L. acidophilus. En revanche, une revue systématique publiée en 2010 conclut qu’une autre souche de probiotique, Saccharomyces boulardii, semble efficace pour réduire la diarrhée chez les personnes atteintes de la maladie de Crohn.
 Acupuncture. En 2004, un essai aléatoire a évalué l’effet de l’acupuncture sur 51 personnes atteintes d’une maladie de Crohn légère à modérée. Dix séances étaient réalisées sur une période de 4 semaines. Les auteurs de l’étude ont conclu que l’acupuncture permettait d’améliorer le bien-être général des patients. En 2007, une revue systématique a analysé plusieurs essais portant sur l’efficacité de l’acupuncture sur les maladies inflammatoires intestinales chroniques. Les auteurs ont conclu que l’acupuncture pouvait soulager les symptômes, en spécifiant que la qualité méthodologique des études était critiquable.
 Camomille allemande (Matricaria recutita). La camomille allemande a longtemps été utilisée en préparations médicinales pour les troubles du système digestif (comme la diarrhée et les ulcères gastriques). La Commission E reconnaît son utilité pour soigner la dyspepsie, les gonflements, les flatulences, l'inflammation et les spasmes gastro-intestinaux.
Dosage
Pour les troubles digestifs, elle s'utilise par voie interne sous forme d'infusion, d'extrait liquide ou d'extrait sec. Voyez la fiche Camomille allemande pour plus de détails sur la posologie.
 Boswellie (Boswellia serrata). La résine de boswellie fait partie de la pharmacopée officielle de l'Inde et de la Chine. La médecine traditionnelle ayurvédique (Inde) lui attribue des propriétés anti-inflammatoires utiles pour le traitement de l'inflammation du tube digestif. En 2001, les résultats d'une étude comparative, mais sans groupe placebo, indiquaient que la boswellie (H15® à raison de 1 200 mg, 3 fois par jour) est aussi efficace, effets indésirables en moins, que la mésalazine, un des médicaments classiques utilisés pour traiter la maladie de Crohn. Cependant, une nouvelle étude publiée en 2010 et menée sur 108 patients atteints de la maladie de Crohn n’a pas pu prouver l’efficacité d’un extrait de boswellie (le Boswelan) pour maintenir la rémission.
Dosage
Prendre de 300 mg à 400 mg d'extrait de résine standardisé (37,5 % d'acide boswellique) en capsule ou en comprimé, 3 fois par jour.
 Formule de Bastyr. Une préparation composée de plusieurs plantes médicinales et de quelques autres ingrédients (poudre de chou, pancréatine, vitamine B3 et substance duodénale) est recommandée par le naturopathe J.E. Pizzorno afin de soulager l'inflammation qui sévit dans le tube digestif. Il s'agit d'un vieux remède naturopathique non documenté par des études scientifiques.
Les plantes médicinales suivantes font partie de la recette : la guimauve (Althea officinalis), l'orme rouge (Ulmus rubra), l'indigo sauvage (Baptisia tinctoria), l'hydraste du Canada (Hydrastis canadensis), l'échinacée (Echinacea angustifolia), la phytolaque d'Amérique (Phytolacca americana), la consoude (Symphytum officinale) et le géranium tacheté (Geranium maculatum). Informez-vous auprès d’un thérapeute dûment formé.
 Méthodes de relaxation. Des spécialistes recommandent des séances d'hypnose aux personnes qui souffrent de la maladie de Crohn. La pratique clinique démontre que l'hypnothérapie réduit certains symptômes, grâce à son effet relaxant. L’hypnothérapie améliorerait les fonctions immunitaires tout en diminuant le stress et l'anxiété. En 2008, un petit essai clinique a confirmé les bienfaits de l’hypnose, qui permettrait d’améliorer la qualité de vie et de diminuer le recours aux corticostéroïdes. La respiration profonde, plus accessible, ainsi que des approches comme le biofeedback ou le training autogène auraient des effets semblables, en permettant la détente.
 Modifications alimentaires. En naturopathie, on considère que, puisque la maladie de Crohn fragilise le système digestif, le type d’aliments ingérés a des répercussions sur l'état de santé. On recommande donc d’être attentif aux aliments et aux boissons qui semblent aggraver les symptômes et de les exclure. Cette démarche demande l’aide d’un naturopathe ou d’un diététiste. Le naturopathe J.E. Pizzorno rapporte que, lors d’études préliminaires, le bléet les produits laitiers figuraient au haut de la liste des aliments les plus souvent problématiques. Par ailleurs, selon lui, il est préférable d’écarter les aliments susceptibles de causer des flatulences et des ballonnements, comme les haricots, les légumes de la famille des choux, les oignons, les agrumes, les boissons gazeuses et le maïs éclaté.
 Psychothérapie. Le Dr Andrew Weil recommande de considérer un travail en psychothérapie, en complément aux traitements médicaux. Selon lui, le stress et les émotions liées à des besoins insatisfaits pourraient exacerber les symptômes de la maladie de Crohn. D’après une synthèse d’études ayant porté sur 14 études, la psychothérapie n’aurait pas réellement d’effet sur l’évolution de la maladie de Crohn. Cependant, pour certaines personnes, elle peut contribuer à améliorer la qualité de vie et à atténuer des symptômes de dépression ou d’anxiété.

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