La prééclampsie correspond à une hypertension artérielle associée à une présence excessive de protéines dans les urines (protéinurie supérieure à 0,3 g/24h) après 20 semaines de grossesse. La femme enceinte présente une pression artérielle systolique (PAS) supérieure à 140 et une pression artérielle diastolique (PAD) à plus de 90. La prééclampsie est considérée comme sévère lorsque la PAS dépasse les 160 et/ou la PAD les 110.
La prééclampsie peut apparaître au moment de l'accouchement et jusqu'à six semaines après.
Cette maladie obstétricale peut avoir des conséquences extrêmement graves sur la mère et sur l'enfant à naître (retard de croissance, faible poids à la naissance, prématurité, etc...). Elle est une cause fréquente de mortalité maternelle, fœtale ou néonatale, surtout dans les pays en voie de développement. Elle serait également responsable d'un tiers des naissances de grands prématurés.
La seule solution efficace pour traiter la prééclampsie est l'accouchement.
Repérer une prééclampsie est vitale pour la mère et l'enfant à naître. D'où l'intérêt de connaître cette maladie et de réaliser les tests urinaires régulièrement proposés.
La prééclampsie est à différencier de l'hypertension artérielle gravidique (hypertension sans protéines dans les urines), du HELLP syndrome (syndrome très grave qui génère entre autres une destruction des globules rouges et provoque une anémie) et de l'éclampsie, qui se distingue de la prééclampsie par des convulsions.
Prévalence
La prééclampsie concernerait plus de 7% des grossesses dans le monde. Selon le site de l'Association de Prévention et d'Actions contre la pré-éclampsie Apape.fr, " la mortalité par éclampsie est la deuxième cause de mortalité maternelle (près de 11.35% des décès), derrière les hémorragies de la délivrance, qui représentent 36% des décès maternels". Elle est aussi une cause majeure de mortalité périnatale chez l'enfant dans le monde.
Causes
Les origines de la maladie ne sont pas connues. Le placenta pourrait jouer un rôle important dans la maladie. D'ailleurs, se libérer du placenta permet de guérir.
Diagnostic
Seules une prise de la tension et une analyse d'urine révélant la présence de protéines orientent vers une prééclampsie. Les signes qui accompagnent ces deux facteurs cliniques (voir ci-dessous les symptômes) sont à ne pas négliger. S'ils apparaissent, il est primordial de consulter rapidement. Diagnostiquer tardivement une prééclampsie augmente les risques de complications graves liées à la maladie.
Si la maladie est diagnostiquée, d'autres tests se révèleront nécessaires comme une prise de sang (qui permettra de vérifier le bon fonctionnement du foie et des reins) ou de nouvelles analyses d'urine plus poussées. Ces dernières permettront de déterminer la sévérité de la maladie. Le médecin peut également faire une échographie fœtale pour estimer la croissance du bébé.
Complications
Les complications de la prééclampsie peuvent être très graves, autant pour la mère (accident vasculaire cérébral, éclampsie, arrêt cardiaque, décollement rétinien, problèmes rénaux, hépatiques, neurologiques) que pour l'enfant (retard de croissance, naissance prématurée, difficultés respiratoires à la naissance, décès). La prééclampsie peut provoquer une mauvaise irrigation du placenta (le bébé reçoit alors moins d'oxygène et de nutriments essentiels à son développement) ou un décollement du placenta (qui provoque une hémorragie pouvant être fatale pour la mère et l’enfant). Cette maladie peut également se transformer en HELLP syndrome (acronyme anglais pour un syndrome comprenant une destruction des globules rouges, une élévation des enzymes du foie et une diminution des plaquettes sanguines pouvant entraîner une hémorragie) ou en éclampsie (dont les principaux symptômes sont : douleurs abdominales, maux de tête violents, problèmes de vision, diminution de la vigilance, convulsions pouvant conduire au coma et au décès). Enfin, souffrir d'une prééclampsie augmente les risques de développer une maladie cardiovasculaire.
Toutefois nombreuses sont les femmes souffrant de prééclampsie qui accouchent d'un bébé en bonne santé et qui se rétablissent vite.
Les symptômes et personnes à risque de la prééclampsie
Symptômes
Les symptômes de la prééclampsie peuvent se développer graduellement, mais commencent souvent abruptement après 20 semaines de grossesse. Il existe des formes plus ou moins sévères de prééclampsies. Les principaux signes sont :
- hypertension artérielle
- protéines dans les urines (protéinurie)
- maux de tête souvent sévères
- troubles de la vision (vision embrouillée, perte temporaire de vision, sensibilité à la lumière, etc...)
- douleurs abdominales (appelées barre épigastrique)
- nausées, vomissements
- baisse de la quantité d'urine (oligurie)
- prise de poids brutale (plus de 1 kg par semaine)
- gonflement (œdème) du visage et des mains (attention cat ces signes peuvent aussi accompagner une grossesse normale)
- acouphènes
- confusion
Personnes à risque
Les personnes qui ont des cas de prééclampsie dans leur famille ont un risque supérieur de développer la maladie. Si une personne a déjà souffert de la maladie, elle a également un risque plus élevé de souffrir à nouveau de prééclampsie lors de sa prochaine grossesse.
Les facteurs de risque et la prévention de la prééclampsie
Facteurs de risque
Les facteurs de risque sont très variés. Ainsi, être enceinte de son premier enfant en est un. Le risque de développer une prééclampsie est en effet plus élevé lors de la première grossesse. Ce risque est également plus élevé si le père de son second enfant n'est pas celui du premier. En clair, une grossesse avec un nouveau partenaire est plus à risque qu'un deuxième enfant avec le même père.
L'âge est également un facteur de risque (avant 20 ans ou après 40, les risques sont plus élevés). L'obésité, une hypertension avant la grossesse et les grossesses multiples sont des facteurs de risque, tout comme le diabète et le diabète développé au cours d'une grossesse (diabète gestationnel). Enfin, l’insuffisance en vitamine D a été mise en cause dans certaines études.
Prévention
Aucun critère ne permet d'anticiper l'apparition d'une prééclampsie chez une femme enceinte. L'aspirine à faible dose (entre 75 et 160 mg par jour) peut être recommandé, à titre préventif, chez les femmes à haut risque qui attendent leur deuxième enfant.
Les traitements médicaux de la prééclampsie
Le seul traitement efficace en cas de prééclampsie est que la femme accouche. Seulement, les premiers signes de la maladie arrivent souvent avant le terme. Le traitement consiste alors à faire baisser la pression artérielle (antihypertenseurs) afin de repousser l'accouchement au maximum. Mais la prééclampsie peut évoluer très vite et nécessiter un accouchement prématuré. Tout est fait pour que la délivrance se fasse au meilleur moment pour la mère et l'enfant.
En cas de prééclampsie sévère, des corticostéroïdes peuvent être utilisés pour provoquer une élévation des plaquettes sanguines et éviter l’hémorragie. Ils permettent également de rendre les poumons du bébé plus matures en vue de l'accouchement. Du sulfate de magnésium peut également être prescrit, comme anticonvulsivant et pour augmenter le flot sanguin au niveau de l’utérus.
Le médecin peut également conseiller à la mère de rester alitée ou de limiter ses activités. Cela pourrait permettre de gagner un peu de temps et de repousser l'accouchement. Dans les cas les plus graves, une hospitalisation, avec un suivi très régulier, peut devenir nécessaire.
Déclencher l'accouchement peut être décidé, en fonction de l'état de la mère, de l'âge et de l'état de santé de l'enfant à naître.
Des complications, comme une éclampsie ou un syndrome HELLP, peuvent apparaître 48 heures après l'accouchement. Un suivi particulier est donc nécessaire même après la naissance. Les femmes atteintes devront également surveiller leur tension dans les semaines qui suivent la naissance de leur enfant. Cette tension artérielle revient habituellement à la normale en quelques semaines. Lors de la consultation médicale quelques temps après l'arrivée du bébé, la tension et la protéinurie seront évidemment vérifiées.
Les approches complémentaires de la prééclampsie
Magnésium. Il est utilisé en cas de prééclampsie et d'éclampsie. Une étude suggère que le sulfate de magnésium possède des effets intéressants, pour la mère et pour le foetus, en cas de prééclampsie sévère.
Calcium. Certaines études ont suggéré qu'une supplémentation en calcium pouvait réduite l'hypertension artérielle. Toutefois les résultats de ces études sur ce sujet ne sont pas tous concordants. Une étude conclut par exemple qu'un manque de calcium augmente le risque de maladies hypertensives. "Les résultats de notre méta-analyses, écrivent les auteurs, démontrent qu'une supplémentation en calcium pendant la grossesse est une mesure efficace pour réduire l'incidence de la prééclampsie, particulièrement chez les populations à haut risque et celles qui ont un faible apport calcique".
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