Un accident vasculaire cérébral (AVC) ou attaque cérébrale, est une défaillance de la circulation du sang qui affecte une région plus ou moins importante du cerveau. Il survient à la suite de l’obstruction ou de la rupture d’un vaisseau sanguin et provoque la mort des cellules nerveuses, qui sont privées d’oxygène et des éléments nutritifs essentiels à leurs fonctions. Chez la majorité des gens, il n’y a pas de signe précurseur d’une crise. Toutefois, plusieurs facteurs de risque peuvent être surveillés.
Les AVC ont des conséquences très variables. Plus de la moitié des gens en gardent des séquelles. Environ 1 individu sur 10 récupère complètement.
La gravité des séquelles dépend de la région du cerveau atteinte et des fonctions qu’elle contrôle. Plus la région privée d’oxygène est grande, plus les séquelles risquent d’être importantes. À la suite d’un AVC, certaines personnes auront de la difficulté à parler ou à écrire(aphasie) et des problèmes de mémoire. Elles pourront aussi être atteintes d’une paralysie plus ou moins importante du corps.
Urgence médicale
Lorsque les cellules nerveuses sont privées d’oxygène, ne serait-ce que pendant quelques minutes, elles meurent; elles ne se régénéreront pas. Aussi, plus les délais entre l’AVC et la prise en charge médicale sont courts, plus le risque de séquelle grave s’amenuise.
Quels que soient les dommages causés par la privation d’oxygène, le cerveau a une certaine capacité d’adaptation. Des cellules nerveuses saines réussissent parfois à prendre la relève des cellules mortes si elles sont stimulées par divers exercices.
Causes
L’athérosclérose, c’est-à-dire la formation de plaques de lipides sur la paroi des vaisseaux sanguins, est l’une des principales causes de l’accident vasculaire cérébral. L’hypertension artérielle est aussi un facteur de risque important. Avec le temps, la pression anormale exercée par le sang sur la paroi des vaisseaux sanguins peut provoquer leur rupture. La rupture d’une artère du cerveau peut être facilitée par la présence d’un anévrisme. L’anévrisme est un gonflement d’une petite section d’une artère, en raison d’une faiblesse de la paroi.
Il n’est pas toujours possible de déterminer la cause exacte d’un AVC. Il est important, cependant, que les médecins la recherchent en procédant à divers examens afin de réduire le risque de récidive.
Prévalence
Grâce aux avancées en matière de prévention, la prévalence des AVC a considérablement diminué au cours des dernières décennies. Depuis les années 1990, elle semble toutefois se stabiliser.
Encore aujourd’hui, au Canada, plus de 50 000 personnes subissent un AVC chaque année et environ 14 000 en meurent. Si les AVC sont plus rares que les crises cardiaques, ils représentent tout de même la troisième cause de mortalité au pays et sont un facteur important d’incapacités.
Les trois quarts des AVC surviennent chez des gens âgés de 65 ans et plus. Au Canada et en Amérique du Nord, en général, ils touchent plus les femmes que les hommes. De jeunes enfants peuvent aussi en souffrir, mais cela se produit rarement.
Types
On distingue 3 types d’accidents vasculaires cérébraux : les 2 premiers sont causés par le blocage d’une artère cérébrale (accident ischémique). Ils sont les plus fréquents et représentent environ 80 % des AVC. Le troisième est causé par une hémorragie cérébrale (accident hémorragique) :
- La thrombose cérébrale. Elle représente de 40 % à 50 % des cas. Elle se produit quand un caillot sanguin se forme dans une artère cérébrale, sur une plaque de lipides (athérosclérose);
- L’embolie cérébrale. Elle représente environ 30 % des cas. Comme dans le cas de la thrombose, une artère cérébrale est bloquée. Cependant, ici, le caillot qui bloque l’artère s’est formé ailleurs et a été transporté par la circulation sanguine. Il provient souvent du coeur ou d’une artère carotide (dans le cou);
- L’hémorragie cérébrale. Elle représente environ 20 % des cas, mais c’est la forme d’AVC la plus grave. Souvent causée par une hypertension de longue date, elle peut aussi résulter de la rupture d’une artère du cerveau, là où se situe un anévrisme.En plus de priver une partie du cerveau d’oxygène, l’hémorragie détruit d’autres cellules en exerçant de la pression sur les tissus. Elle peut se produire au centre ou à la périphérie du cerveau, tout juste sous l’enveloppe crânienne.Parmi les autres causes, plus rares, d’hémorragies cérébrales figurent les crises d’hypertension, une hémorragie dans une tumeur cérébrale et des problèmes de coagulation sanguine.
Il peut arriver que l’obstruction d’une artère cérébrale ne soit que temporaire et qu’elle se résorbe naturellement, sans laisser de séquelles. On appelle ce phénomène accident ischémique transitoire(AIT) ou mini-AVC. Les symptômes sont les mêmes que ceux d’un vrai AVC mais ils disparaissent en moins d’une heure. Un mini-AVC est un signal d’alarme à prendre au sérieux : il peut être suivi d’une attaque cérébrale parfois plus grave au cours des 48 heures suivantes. Il est donc important de consulter un médecin au plus tôt.
Les symptômes de l’accident vasculaire cérébral
Un AVC peut causer une paralysie ou une perte de conscience. Parfois, il se détecte grâce à l’un ou l’autre des signes suivants :
- des étourdissements et une perte soudaine d’équilibre;
- un brusque engourdissement, une perte de sensibilité ou une paralysie du visage, d’un bras, d’une jambe ou d’un côté du corps;
- de la confusion, une difficulté soudaine à s’exprimer ou à comprendre;
- une perte soudaine de la vue ou une vision trouble dans un seul oeil;
- un mal de tête subit, d’une intensité exceptionnelle, accompagné parfois de vomissements.
- tous les cas, on doit contacter les services d’urgence le plus rapidement possible.
Les personnes à risque d'un accident vasculaire cérébral
- Les personnes ayant déjà eu un accident ischémique transitoire (mini-AVC) ou un AVC;
- Les personnes atteintes d’un trouble cardiaque (anomalie d’une valve cardiaque, insuffisance cardiaque ou arythmie cardiaque) et celles qui ont récemment eu un infarctus du myocarde. La fibrillation auriculaire, une forme d’arythmie cardiaque, est particulièrement dangereuse, parce qu’elle amène le sang à stagner dans le coeur; cela entraîne la formation de caillots sanguins. Si ces caillots circulent jusqu’aux artères du cerveau, ils peuvent causer un AVC;
- Les personnes diabétiques. Le diabète contribue à l’athérosclérose et réduit la capacité de l’organisme à dissoudre les caillots sanguins;
- Les personnes qui souffrent de migraines;
- Les personnes atteintes d’apnée du sommeil. L’apnée peut entraîner une hausse de la pression sanguine et contribuer à la formation de caillots sanguins;
- Les personnes ayant un nombre élevé de globules rouges dans le sang (polyglobulie);
- Les personnes dont un proche parent a été atteint d’un AVC.
Les facteurs de risque d'un accident vasculaire cérébral
Les deux facteurs principaux
- L’hypertension. C’est le facteur de risque le plus important. La haute pression sanguine affaiblit la paroi des vaisseaux sanguins, y compris ceux du cerveau;
- L’hypercholestérolémie. Un taux élevé de cholestérol LDL (abréviation du terme anglais low density lipoproteins, dit mauvais cholestérol) ou de triglycérides contribue à l’athérosclérose et au durcissement des artères.
Les autres facteurs
- Le tabagisme. Il contribue à l’athérosclérose. De plus, la nicotine agit comme un stimulant cardiaque et augmente la pression sanguine. Quant au monoxyde de carbone présent dans la fumée de cigarette, il réduit la quantité d’oxygène qui parvient au cerveau, parce qu’il se fixe sur les globules rouges à la place de l’oxygène;
- L’obésité;
- Une mauvaise alimentation;
- La sédentarité;
- Un stress chronique;
- L’excès d’alcool ou de drogues dures, comme la cocaïne;
- La prise de contraceptifs oraux, surtout dans le cas des femmes qui sont à risque et qui ont plus de 35 ans;
- L’hormonothérapie de remplacement administrée au moment de la ménopause (elle augmente légèrement le risque).
Remarque. Ces facteurs augmentent aussi les risques de souffrir d’une maladie coronarienne.
La prévention de l’accident vasculaire cérébral
Peut-on prévenir? |
Selon le guide de prévention de l’accident vasculaire cérébral édité en 2011 par l’American Heart Association, les personnes ayant de saines habitudes de vie réduisent de 80 % leur risque de subir un premier AVC par rapport à celles qui négligent les facteurs de risque. |
Mesures préventives de base |
Adopter de saines habitudes de vie
Se soumettre à des examens et à des traitements médicaux
|
Mesures pour prévenir les récidives |
Prendre un médicament anticoagulant. On recommande aux personnes qui ont déjà été victimes d’un accident ischémique transitoire (mini-AVC), ou d’un AVC causé par une thrombose ou par une embolie cérébrales, de prendre quotidiennement un médicament qui réduira le risque de formation d’un caillot sanguin. Il peut s’agir d’un anticoagulant comme la warfarine (Coumadin®) ou le dabigatran (Pradax®) ou d’un antiplaquettaire comme l’aspirine ou le dipyridamole (Aggrenox®). Les personnes pour lesquelles l’aspirine est contre-indiquée peuvent prendre du bisulfate de clopidogrel (Plavix®) ou du chlorhydrate de ticlopidine (Ticlid®). |
Les traitements médicaux de l’accident vasculaire cérébral
Important. Un accident vasculaire cérébral est une urgence médicale et nécessite un traitement immédiat, tout comme une crise cardiaque. Il faut contacter les services d’urgence le plus rapidement possible, même si les symptômes se résorbent après quelques minutes. Plus les soins sont obtenus rapidement, plus le risque de garder des séquelles diminue. |
Le premier objectif est de minimiser les dommages au cerveau en rétablissant la circulation sanguine en cas d’accident ischémique ou en réduisant l’épanchement de sang en cas d’accident hémorragique. Si l’AVC est grave, la personne demeurera en observation à l’hôpital durant quelques jours. Une période de réadaptation, à domicile ou dans un centre spécialisé, est parfois nécessaire. Il faut, de plus, rechercher et traiter la cause de l’AVC (par exemple, en corrigeant une tension artérielle trop élevée ou une arythmie cardiaque).
Médicaments
Si une artère est bloquée
Un seul médicament visant à réduire le risque de lésions irréversibles au cerveau est approuvé. Il est indiqué dans le cas des AVC causés par une thrombose ou par une embolie. Il s’agit d’un activateur du plasminogène tissulaire, une protéine du sang qui aide à dissoudre les caillots rapidement (en une heure ou deux). Pour être efficace, le médicament doit être injecté par voie intraveineuse dans les 3 à 4,5 heures qui suivent l’AVC, ce qui limite beaucoup son usage.
Quelques heures après un AVC non hémorragique, on donne souvent un médicament anticoagulant ou antiplaquettaire. Celui-ci aide à prévenir la formation de nouveaux caillots sanguins dans les artères. De plus, il prévient le grossissement de caillots déjà formés. Une fois l’AVC stabilisé, le médecin propose habituellement un médicament plus léger, comme l’aspirine, à prendre tous les jours à long terme.
Durant la période de réadaptation, d’autres médicaments peuvent être utiles. Par exemple, des médicaments antispasmodiques peuvent contribuer à soulager des spasmes musculaires.
S’il y a une hémorragie
Dans les heures qui suivent ce type d’accident vasculaire, des médicaments permettant de diminuer la tension artérielle sont généralement administrés afin de limiter l’hémorragie et les risques de reprise du saignement. Il arrive parfois que l’hémorragie déclenche des crises d’épilepsie. Elles seront alors traitées à l’aide de médicaments de la classe des benzodiazépines.
Chirurgie
Si une artère est bloquée
Une fois l’AVC stabilisé, le médecin propose divers tests afin de savoir si d’autres artères sont fragilisées par de l’athérosclérose. Il peut proposer l’une ou l’autre des chirurgies suivantes à titre préventif :
- une endartériectomie de la carotide. Cette intervention consiste à nettoyer la paroi de la carotide atteinte d’athérosclérose. Elle est pratiquée depuis une quarantaine d’années et est destinée à prévenir la récurrence des AVC;
- une angioplastie. On place un ballonnet dans l’artère affectée par l’athérosclérose afin de prévenir son blocage. Une petite tige métallique est aussi insérée dans l’artère pour prévenir son rétrécissement. Cette intervention comporte plus de risques que la précédente car, lorsque la plaque d’athérosclérose est écrasée par le ballonnet, il se peut que des fragments de plaque se libèrent et causent un autre blocage plus loin dans l’artère cérébrale.
S’il y a une hémorragie
Il peut être nécessaire de procéder à une chirurgie au cerveau afin de retirer le sang accumulé. Si le chirurgien découvre un anévrisme au moment de la chirurgie, il le traite afin d’éviter qu’il se rompe et qu’un autre AVC se produise. Le traitement consiste le plus souvent à poser un filament de platine dans l’anévrisme. Un caillot de sang va ensuite se former autour de celui-ci et combler la dilatation du vaisseau sanguin.
Remarque. Il peut arriver qu’un examen médical révèle la présence d’un anévrisme non rompu au cerveau. Selon le contexte, le médecin recommandera ou non une chirurgie préventive. Si le patient a moins de 55 ans, le médecin proposera en général cette chirurgie préventive. Si le patient est plus âgé, un choix doit être fait en tenant compte des avantages et des risques de l’opération. En effet, cette dernière expose le patient à un risque de séquelles neurologiques allant de 1 % à 2 %, et à un risque de mortalité d’environ 1 %. De plus, davantage d’études sont nécessaires pour connaître l’effet réel d’une telle intervention sur la prévention des AVC.
Réadaptation
La réadaptation vise, notamment, à entraîner les cellules nerveuses d’une partie non atteinte du cerveau à remplir des fonctions qui étaient remplies, avant l’AVC, par d’autres cellules nerveuses. Selon les besoins, les services de divers thérapeutes sont requis : une infirmière, un diététicien, un physiothérapeute, un orthophoniste, un ergothérapeute, un psychologue, un psychiatre, un travailleur social...
Les approches complémentaires d'un accident vasculaire cérébral
En prévention
D’une manière générale, les mesures visant à réduire les facteurs de risque de l’AVC ont un rôle important à jouer dans sa prévention. Vous trouverez des informations plus spécifiques en consultant nos fiches Hypertension et Hypercholestérolémie, ainsi que notre dossier sur le stress.
Qi Gong. D’après une synthèse d’études cliniques, les personnes hypertendues qui pratiquent le Qi Gong courent moins le risque de souffrir d’un accident vasculaire cérébral et d’en mourir. De plus, le Qi Gong diminue parfois l’hypertension et, ce faisant, il permet de réduire la médication visant à traiter l’hypertension.
En traitement de soutien
Acupuncture. L’acupuncture est utilisée depuis des siècles en Médecine traditionnelle chinoise, mais les études scientifiques sur le sujet ne font que débuter. En 2005, une revue systématique de 14 études cliniques s’est penchée sur l’effet de l’acupuncture sur 1 208 patients ayant subi un AVC. Les séances d’acupuncture débutaient de 10 à 30 jours après l’accident et se déroulaient pendant 7 à 10 semaines. Les résultats obtenus indiquent que l’acupuncture peut exercer un effet bénéfique à long terme. Un an après leur AVC, les personnes ayant bénéficié de séances d’acupuncture avaient moins de risques de mourir que les personnes des groupes témoins ou placebos et elles couraient moins le risque de souffrir d’une perte d’autonomie.Une revue systématique parue en 2010 s’est concentrée sur 9 études traitant de la moxibustionutilisée comme traitement adjuvant durant la réadaptation. La moxibustion consiste à stimuler les points d’acupuncture avec une source de chaleur. Conclusion : certaines études ont montré des bienfaits sur les fonctions motrices, d’autres non. Les auteurs ont souligné la qualité méthodologique déficiente des études, et par conséquent, la difficulté à se prononcer sur l’efficacité de cette méthode.
Biofeedback. Quelques études suggèrent que le biofeedback par électromyographie (EMG) associé à la physiothérapie augmenterait la récupération fonctionnelle et la qualité de la démarche des patients. Toutefois, dans l’ensemble, les données concernant les bienfaits de cette technique sont pour le moment limitées.
Reiki. Le reiki pourrait apporter un soutien au cours de la réadaptation des victimes d’AVC. Les résultats d’une étude menée auprès d’une cinquantaine de volontaires ayant subi un AVC montrent une certaine amélioration de l’humeur et un regain d’énergie après une dizaine de séances de 30 minutes chacune. En revanche, aucun effet n’a été observé sur le développement de l’autonomie et sur le soulagement des états dépressifs.
Visualisation et imagerie mentale.Selon une revue systématique publiée en 2010, la visualisation associée à la physiothérapie améliorerait la réadaptation des personnes ayant subi un accident vasculaire cérébral. De l’avis des auteurs, d’autres études sont nécessaires afin de préciser les apports de ces pratiques. Par ailleurs, 2 études cliniques de faible envergure ont rapporté une augmentation de la capacité fonctionnelle de patients ayant utilisé l’imagerie mentale.
Méthode Feldenkrais. Le Dr Andrew Weil recommande qu’on pratique la méthode Feldenkrais en plus des traitements classiques durant la période de réadaptation qui suit un AVC. Cette approche aide le système nerveux à trouver de nouvelles voies pour compenser les dommages neurologiques. Pour l’instant, seules des études de cas indiquent qu’elle est utile dans le cadre d’une réadaptation. Elle aiderait aussi à retrouver le sens de l’équilibre et la coordination.Bien que les séances de Feldenkrais semblent sûres dans la plupart des cas, les personnes qui veulent y recourir devraient en discuter d’abord avec leur médecin traitant.
Techniques de relaxation. La respiration profonde ou toute autre technique de relaxation employée régulièrement aide à évacuer le stress.
Enregistrer un commentaire