D’après les experts, le trouble de déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) a probablement toujours existé. Il n’a toutefois été décrit cliniquement qu’au début du XXe siècle. Il a connu plusieurs dénominations : du syndrome de l'enfant hyperactif (première apparition dans le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders en 1968), en passant par le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (1980) et le trouble d'hyperactivité avec déficit d'attention ou THADA (1987). Aujourd’hui, on utilise les termes déficit de l'attention avec hyperactivité (DAAH), ou trouble de déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), adopté en 2000 au Québec, que nous avons retenu pour cette fiche. |
Les personnes atteintes d’un trouble de déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ont des difficultés à se concentrer, à être attentives et à mener à terme des tâches le moindrement complexes. Elles ont souvent du mal à rester en place, à attendre leur tour et agissent fréquemment de façon impulsive.
Bien que ces comportements puissent se retrouver chez tous les êtres humains, ils sont présents de façon anormalement prononcée et prolongée chez ceux qui sont atteints d’un TDAH. Ils sont également présents dans toutes les circonstances de la vie (pas uniquement à l’école ou uniquement à la maison, par exemple).
TDAH chez les adolescents et les adultes Le TDAH se remarque souvent plus chez l’enfant que chez l’adulte. Il a d’ailleurs été beaucoup plus étudié chez l’enfant. Il persiste toutefois à l’adolescence dans 40 % à 70 % des cas et jusqu’à l’âge adulte chez la moitié des enfants qui en sont atteints. On estime qu’environ 4 % des adultes souffrent du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité. Parfois, le TDAH n’est diagnostiqué qu’à l'âge adulte. |
Trois symptômes caractérisent le TDAH : inattention, hyperactivité et impulsivité. Ils peuvent être présents à des degrés divers. Par exemple, un enfant toujours dans la lune, qui ne termine pas ses devoirs, qui ne retient pas les consignes et qui perd constamment ses objets personnels, mais qui n’est pas particulièrement agité pourrait être atteint d’un TDAH. Un autre, surtout hyperactif, impulsif et agité, mais qui arrive à relativement bien à se concentrer lorsque les tâches l’intéressent pourrait aussi en être atteint. En général, l’hyperactivité et l’impulsivité sont plus accentuées chez les garçons que chez les filles.
Chez la vaste majorité des personnes atteintes, le TDAH a une origine neurologique qui peut dépendre de l’hérédité et de facteurs environnementaux. Les experts sont formels à ce sujet : le TDAH n’est pas causé par des besoins affectifs non comblés ou par des problèmes psychosociaux, même s’il peut être exacerbé par ces facteurs.
Le TDAH est généralement diagnostiqué autour de 7 ans. Cependant, les enfants qui souffrent de TDAH ont des comportements difficiles avant leur rentrée à l'école, souvent dès l'âge de 2 ans.
TDAH et intelligence Il n’y a pas de lien entre le TDAH et l’intelligence de l’enfant. Les difficultés scolaires dont souffrent la plupart des enfants avec un TDAH sont le plus souvent liées aux troubles du comportement ou au déficit d’attention, mais pas à un manque d’intelligence. |
Prévalence
Il s’agit du trouble neurocomportemental le plus fréquent chez les enfants : de 5 % à 10 % d’entre eux en seraient atteints. On a longtemps affirmé que sa prévalence était plus élevée chez les garçons, probablement parce que les garçons atteints de TDAH ont un comportement plus hyperactif, qui se remarque plus facilement que celui des filles (chez qui l’inattention prédomine). Cependant, les études les plus récentes ne semblent pas révéler de différences importantes entre les sexes.
Diagnostic
Il n'est pas facile d'établir un diagnostic de TDAH, car les mêmes symptômes peuvent résulter d’autres troubles en rapport plus ou moins étroit avec le TDAH. Par conséquent, le diagnostic de TDAH reposera sur une évaluation approfondie de l'enfant et de son milieu de vie.
Le médecin s'intéresse d'abord au développement psychomoteur de l’enfant. Les parents sont invités à dresser un historique du développement de l'enfant. Des tests psychologiques et neuropsychologiques peuvent aussi être utiles afin d'évaluer son quotient intellectuel et son potentiel d'apprentissage scolaire. Les enseignants peuvent aussi contribuer à l’évaluation de l’enfant. Ce dernier est finalement interrogé sur ses difficultés actuelles.
Il n’existe pas de test neurologique ou psychologique qui permet de diagnostiquer formellement la maladie. Selon les critères de l’Association américaine de psychiatrie, on doit observer un certain nombre de symptômes d’inattention ou d’hyperactivité/impulsivité chez un enfant pour qu’un TDAH soit diagnostiqué.
Pour que le diagnostic soit confirmé, il est important de savoir que :
- certains symptômes doivent être présents avant l’âge de 7 ans;
- les symptômes doivent se manifester autant à la maison qu’à la garderie (crèche) ou à l’école, bien que leur intensité puisse varier d’un lieu à l’autre;
- les symptômes doivent être présents depuis au moins 6 mois.
Causes
Le TDAH est une maladie complexe qui n’a pas une cause unique. Il s’agit d’un trouble d’origine neurologique, lié à des anomalies de développement et de fonctionnement du cerveau.
Ainsi, les chercheurs ont observé que, chez les enfants ou les adultes atteints de TDAH, les zones cérébrales responsables de l'attention, du sens de l'organisation et du contrôle des mouvements s’activent de façon anormale ou ont une anatomie singulière. Ils ont aussi noté un déséquilibre dans les taux de certains messagers chimiques (neurotransmetteurs) dans le cerveau, comme la dopamine et la noradrénaline.
La génétique
Des facteurs héréditaires contribuent de façon majeure à l’apparition du TDAH. En effet, lors d’études menées sur de vrais jumeaux, des chercheurs ont découvert que lorsqu’un jumeau est atteint du TDAH, dans 80 % des cas, l’autre l’est aussi. En outre, la plupart des enfants atteints du TDAH comptent au moins un membre de leur famille qui en souffre aussi. Au total, un quart des parents ayant des antécédents de TDAH ont des enfants qui en sont atteints à leur tour. Plusieurs gènes impliqués dans le TDAH ont été identifiés, mais les facteurs génétiques n’expliquent pas à eux seuls la maladie.
Des facteurs héréditaires contribuent de façon majeure à l’apparition du TDAH. En effet, lors d’études menées sur de vrais jumeaux, des chercheurs ont découvert que lorsqu’un jumeau est atteint du TDAH, dans 80 % des cas, l’autre l’est aussi. En outre, la plupart des enfants atteints du TDAH comptent au moins un membre de leur famille qui en souffre aussi. Au total, un quart des parents ayant des antécédents de TDAH ont des enfants qui en sont atteints à leur tour. Plusieurs gènes impliqués dans le TDAH ont été identifiés, mais les facteurs génétiques n’expliquent pas à eux seuls la maladie.
L’environnement
L’exposition à certaines substances toxiques (alcool, tabac, plomb, pesticides, etc.) durant la vie foetale expliquerait de 10 % à 15 % des cas. D’autres facteurs environnementaux, pas tous identifiés, contribuent probablement à l’apparition de la maladie chez des enfants génétiquement prédisposés.
L’exposition à certaines substances toxiques (alcool, tabac, plomb, pesticides, etc.) durant la vie foetale expliquerait de 10 % à 15 % des cas. D’autres facteurs environnementaux, pas tous identifiés, contribuent probablement à l’apparition de la maladie chez des enfants génétiquement prédisposés.
Lésions au cerveau
Une lésion ou une infection du cerveau, un manque d’oxygène à la naissance, ou d’autres complications liées à la naissance peuvent augmenter les risques de TDAH.
Une lésion ou une infection du cerveau, un manque d’oxygène à la naissance, ou d’autres complications liées à la naissance peuvent augmenter les risques de TDAH.
Troubles associés
Plusieurs enfants atteints de TDAH souffrent aussi de l’un ou l’autre des troubles suivants.
- Trouble oppositionnel avec provocation. Attitude hostile, méfiante et négative devant les figures d'autorité qui tend à se manifester plus fréquemment chez les enfants impulsifs et hyperactifs.
- Troubles de conduite. Comportement antisocial profond qui peut se traduire par le vol de biens, la recherche du combat et un comportement généralement destructeur envers les humains et les animaux.
- Dépression. Souvent présente, la dépression résulte du rejet que l’enfant vit parce qu’il n’arrive pas à se contrôler. Il souffre souvent d’une pauvre estime de lui-même. La dépression peut apparaître autant chez l'enfant que chez l'adulte atteint du TDAH - surtout si d'autres membres de la famille en ont souffert.
- Troubles anxieux. Anxiété et nervosité excessives qui s'accompagnent de divers symptômes physiques (tics, accélération du rythme cardiaque, transpiration, vertiges, etc.) ou de troubles obsessionnels compulsifs.
- Troubles d'apprentissage. Environ 20 % des enfants atteints du TDAH ont des retards de développement du langage et de la motricité fine (dont l’écriture) et ont besoin d'une éducation spécialisée.
Conséquences
À l’âge adulte, le TDAH peut occasionner de graves problèmes comportementaux et sociaux. Ainsi, près de la moitié des adultes atteints de TDAH souffrent de troubles anxieux, qui perturbent leur intégration sociale et leur équilibre de vie. De plus, les personnes atteintes de TDAH sont plus susceptibles que les autres de souffrir de dépendance à l’alcool ou aux drogues.
Il est donc très important de mettre tout en oeuvre pour dépister et traiter du mieux possible le TDAH dès l’enfance.
Il est donc très important de mettre tout en oeuvre pour dépister et traiter du mieux possible le TDAH dès l’enfance.
Les symptômes de TDAH
Les 3 principales caractéristiques du TDAH sont l'inattention, l'hyperactivité et l'impulsivité. Elles se manifestent comme suit, avec une intensité variable.
Chez l’enfant
Inattention
- Une difficulté à être attentif de façon soutenue à une tâche ou une activité particulière. Cependant, l’enfant peut arriver à mieux contrôler son attention s’il a un grand intérêt pour une activité.
- Des erreurs d’inattention dans les devoirs scolaires, les travaux ou les autres activités.
- Un manque d’attention aux détails.
- Une difficulté à commencer et à terminer ses devoirs ou ses autres tâches.
- Une tendance à éviter les activités qui nécessitent un effort mental soutenu.
- Une impression que l’enfant ne nous écoute pas lorsqu’on s’adresse à lui.
- Une difficulté à retenir les consignes et à les appliquer, bien qu’elles soient comprises.
- Une difficulté à s’organiser.
- Une tendance à être très facilement distrait et à faire des oublis dans la vie quotidienne.
- La perte fréquente d’objets personnels (jouets, crayons, livres, etc.).
Hyperactivité
- Une tendance à remuer souvent les mains ou les pieds, à se tortiller sur sa chaise.
- Une difficulté à rester assis en classe ou ailleurs.
- Une tendance à courir et à grimper partout.
- Une tendance à parler beaucoup.
- Des difficultés à apprécier et à s’intéresser à des jeux ou à des activités calmes.
Impulsivité
- Une tendance à interrompre les autres ou à répondre à des questions qui ne sont pas encore terminées.
- Une tendance à imposer sa présence, à faire irruption dans les conversations ou les jeux. Une difficulté à attendre son tour.
- Un caractère imprévisible et changeant.
- Des sautes d'humeur fréquentes.
Autres symptômes
- L’enfant peut être très bruyant, antisocial, voire agressif, ce qui peut le conduire à être rejeté par les autres.
Attention. Tous les enfants ayant un comportement difficile ne sont pas atteints de TDAH. De nombreuses situations peuvent générer des symptômes semblables à ceux du TDAH. C’est le cas, par exemple, d’une situation familiale conflictuelle, d’une séparation, d’une incompatibilité de caractère avec un enseignant ou de conflits avec des amis. Parfois, une surdité non diagnostiquée peut expliquer un problème d’inattention. Enfin, d’autres problèmes de santé peuvent provoquer ce type de symptômes ou les amplifier. Discutez-en avec un médecin. |
Chez l’adulte
Les principaux symptômes que sont l'inattention, l'hyperactivité et l'impulsivité s’expriment différemment. L’adulte atteint de TDAH mène une vie plutôt chaotique.
- Moins d’hyperactivité physique que durant l’enfance.
- L’immobilité génère une tension interne et de l’anxiété.
- Une recherche de sensations fortes (par exemple, dans les sports extrêmes, la vitesse, les drogues ou le jeu compulsif).
- Une faible capacité de concentration.
- Une difficulté à s’organiser au quotidien et à long terme.
- Une difficulté à terminer des tâches.
- Des sautes d’humeur.
- Un caractère colérique et impulsif (s’emporte facilement, prend des décisions impulsives).
- Une faible estime de soi.
- Une difficulté à gérer le stress.
- Une difficulté à tolérer la frustration.
- Peu de stabilité, tant dans la vie de couple qu’au travail.
Les personnes à risque de TDAH
- Les personnes ayant des antécédents familiaux de TDAH.
- Les enfants ayant eu un violent choc à la tête.
- Les enfants ayant eu une méningite d’origine bactérienne.
- Les personnes nées prématurément. Divers facteurs, dont le poids à la naissance, influenceraient le risque d’être atteint du TDAH. Les personnes nées prématurément seraient aussi plus sujettes aux troubles d’apprentissage.
- Celles ayant manqué d’oxygène au moment de la naissance.
Les facteurs de risque de TDAH
- La consommation d’alcool ou de drogues durant la grossesse. Certaines études laissent entendre que l'abus d’alcool et l’absorption de drogues par la mère durant la grossesse peuvent réduire la production de dopamine chez l'enfant et augmenter le risque de TDAH.
- Le tabagisme de la mère durant la grossesse. Plusieurs études suggèrent que les femmes enceintes qui fument courent de 2 à 4 fois plus de risque d'avoir un enfant atteint de TDAH.
- L’exposition aux pesticides ou à d’autres substances toxiques (comme les BPC) durant la vie foetale, mais aussi durant l’enfance pourrait contribuer à la forte prévalence du TDAH, comme l’attestent plusieurs études récentes.
- Une intoxication au plomb durant l’enfance. Les enfants sont particulièrement sensibles aux effets neurotoxiques du plomb. Ce type d’intoxication est cependant rare au Canada.
Les prévention du TDAH
Peut-on prévenir? |
Il est difficile de prévenir l'apparition du TDAH puisque ses causes sont encore mal comprises et sont en grande partie génétiques. Il convient toutefois de prendre les moyens de réduire les risques de chocs à la tête, de méningite, d’exposition aux polluants et d'empoisonnement aux métaux lourds (notamment le plomb). Par ailleurs, il est raisonnable de penser que les femmes enceintes donneront toutes les chances à leur futur enfant en prenant les précautions suivantes :
|
Mesures pour prévenir les conséquences |
Le TDAH se répercute sur toute la famille, sur les apprentissages et l’intégration sociale. Il est important de rassembler toutes les ressources pour venir en aide à l’enfant et à sa famille (voir plus loin). Cela permettra de prévenir l’apparition de conséquences graves à l’adolescence et à l’âge adulte (pauvre estime de soi, dépression, décrochage scolaire, etc.). |
Les traitements médicaux du TDAH
Il ne semble pas exister de traitement curatif. L’objectif de la prise en charge est d’atténuer les conséquences du TDAH chez l’enfant ou l’adulte, c’est-à-dire ses difficultés scolaires ou professionnelles, ses souffrances liées au rejet qu’il subit souvent, sa faible estime de soi, etc.
Créer un contexte qui permettra à la personne atteinte du TDAH de vivre des expériences positives fait donc partie de l’approche préconisée par les médecins, les psychoéducateurs et les orthopédagogues. Les parents jouent aussi un rôle crucial. En effet, bien que de nombreux professionnels accompagnent l’enfant et la famille, les parents demeurent les "thérapeutes" les plus importants pour ces enfants, affirme le Dr François Raymond, pédiatre.
Médication
Voici les types de médicaments utilisés. Ils ne sont pas toujours nécessaires et ils doivent toujours être associés à une ou plusieurs approches psychosociales (voir plus loin). Seule une évaluation médicale complète permettra de déterminer si un traitement médicamenteux s’impose.
Le méthylphénidate (Ritalin®, Rilatine®, Biphentin®, Concerta®, PMS-Méthylphénidate®) est le médicament de loin le plus employé en cas de TDAH. Il ne guérit pas le trouble et ne prévient pas sa persistance à l’âge adulte, mais il en réduit les symptômes tant que la personne est en traitement.
Ritalin® et compagnie pour les adultes Chez l’adulte, le traitement est semblable, mais les doses sont plus élevées. Des antidépresseurs peuvent parfois être utiles. Le traitement du TDAH chez l’adulte a toutefois été moins étudié que chez l’enfant, et les recommandations varient d’un pays à l’autre. |
Il s’agit d’un stimulant qui augmente l’activité de la dopamine dans le cerveau. Paradoxalement, cela apaise la personne, améliore sa concentration et lui permet de vivre davantage d’expériences positives. Chez l’enfant, on observe souvent une amélioration des résultats scolaires. Les relations sont aussi plus harmonieuses avec les parents et les amis. Les effets peuvent être spectaculaires. Sauf exception, on ne prescrit pas de méthylphénidate avant l'âge scolaire.
La dose varie d’une personne à l’autre. Le médecin l’ajuste en fonction des améliorations observées et des effets indésirables (problèmes de sommeil, perte d’appétit, maux de ventre ou maux de tête, tics, etc.). Les effets indésirables ont tendance à s’atténuer avec le temps. Si la dose est excessive, la personne sera trop calme, voire fonctionnera au ralenti. Un réajustement de la dose est alors nécessaire.
Dans la majorité des cas, le médicament est pris 2 ou 3 fois par jour : une dose le matin, une autre le midi, et au besoin, une dernière en après-midi. Le méthylphénidate est également offert sous forme de comprimés à longue durée d’action, à prendre une seule fois par jour, le matin. Il faut savoir que le méthylphénidate ne crée aucune accoutumance physiologique ou psychologique.
Les prescriptions de Ritalin® Les médecins prescrivent de plus en plus de Ritalin®. Au Canada, le nombre de prescriptions a été multiplié par 5 de 1990 à 1997. Il a aussi doublé entre 2001 et 2008. |
D’autres médicaments peuvent être employés, au besoin, comme des dérivés de l’amphétamine (Adderall®, Dexedrine®). Leurs effets (les bénéfiques et les indésirables), ressemblent à ceux du méthylphénidate. Certaines personnes réagissent mieux à une classe de médicament qu’à une autre.
Un médicament non stimulant, l'atomoxétine (Strattera®), réduirait aussi les principaux symptômes d'hyperactivité et d’inattention causés par le TDAH. L’un de ses intérêts est qu’il n’influencerait pas la qualité du sommeil. Il permettrait aux enfants de s’endormir plus rapidement et d’être moins irritables, comparativement aux enfants qui prennent du méthylphénidate. Il réduirait aussi l’anxiété chez les enfants qui en souffrent. Enfin, l’atomoxétine peut être une solution de rechange pour les enfants chez qui le méthyphénidate provoque des tics.
L'enfant doit être revu de 2 à 4 semaines après le début du traitement, puis à intervalles réguliers de quelques mois.
Mise en garde de Santé Canada Dans un avis émis en mai 2006, Santé Canada affirme que les médicaments pour traiter le trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) ne devraient pas être administrés à des enfants ou des adultes souffrant de troubles cardiaques, d’hypertension artérielle (même modérée), d’athérosclérose, d’hyperthyroïdie ou de malformation cardiaque structurelle. Cet avertissement s’adresse également aux personnes qui s’adonnent à des activités ou à des exercices cardiovasculaires intenses. En effet, les médicaments pour traiter le TDAH ont un effet stimulant sur le coeur et les vaisseaux sanguins qui peut être dangereux chez les personnes ayant une affection cardiaque. Le médecin peut cependant décider de les prescrire avec l’accord du patient, après avoir procédé à un examen médical approfondi et à une évaluation des risques et des bénéfices. |
Approche psychosociale
Diverses interventions peuvent aider l’enfant, l’adolescent ou l’adulte à contrôler ses symptômes. Il existe de multiples formes de soutien qui aident, par exemple, à améliorer l’attention et à réduire l’anxiété liée au TDAH.
Ces interventions incluent :
- des consultations avec un psychoéducateur, un orthopédagogue ou un psychologue;
- une thérapie familiale;
- un groupe de soutien;
- une formation pour aider les parents à s'occuper de leur enfant hyperactif.
On obtient les meilleurs résultats quand les parents, les enseignants, les médecins et les psychothérapeutes travaillent de concert.
Mieux vivre avec un enfant hyperactif
Étant donné que l'enfant hyperactif a des problèmes d'attention, il lui faut des structures claires pour favoriser ses apprentissages. Par exemple, mieux vaut lui confier une seule tâche à la fois. Si la tâche - ou le jeu - est complexe, il est préférable de la décomposer en étapes faciles à comprendre et à réaliser.
L'enfant hyperactif est particulièrement sensible aux stimuli extérieurs. Le fait d'être en groupe ou dans un environnement distrayant (télé, radio, agitation extérieure, etc.) peut agir comme élément déclencheur ou aggravant. Pour l'exécution des devoirs scolaires ou d’autres tâches exigeant de la concentration, il est donc recommandé de s'installer dans un endroit calme où il n'y aura pas de stimuli susceptibles de détourner son attention.
Pour les enfants qui ont de la difficulté à s’endormir, certains trucs peuvent aider. On peut inciter les enfants à se dépenser physiquement durant la journée, mais s’adonner à des activités apaisantes, comme la lecture, avant le coucher. On peut aussi créer une ambiance de détente (lumière tamisée, musique douce, huiles essentielles aux propriétés apaisantes, etc.). Il est conseillé d’éviter la télévision et les jeux vidéo dans l’heure ou les deux heures qui précèdent le coucher. Il est également souhaitable d’adopter une routine de sommeil la plus constante possible.
La prise de Ritalin® modifie souvent les habitudes alimentaires de l'enfant. En général, celui-ci a moins d'appétit au repas du midi et davantage au repas du soir. Si c’est le cas, donner le repas principal à l’enfant lorsque celui-ci a faim. Pour le lunch du midi, privilégier de petites portions d’aliments variés. Au besoin, des collations nutritives peuvent être proposées. Si l’enfant prend un médicament à longue durée d’action (une dose unique le matin), il se peut que la faim ne survienne qu’en soirée.
Vivre avec un enfant hyperactif demande beaucoup d’énergie et de patience de la part de ses parents et de ses éducateurs. Il est donc important que ceux-ci reconnaissent leurs limites et qu'ils demandent de l'aide au besoin. Il est notamment conseillé de ménager des temps de répit, y compris pour les frères et soeurs.
L'enfant hyperactif n'a pas la notion du danger. C'est pourquoi il demande généralement plus de surveillance qu'un enfant normal. Lorsque l'on doit faire garder un tel enfant, il est important de choisir une personne fiable et expérimentée afin d'éviter les accidents.
La force, les cris et les châtiments corporels ne sont généralement d'aucune utilité. Lorsque l'enfant dépasse les limites ou que les troubles de comportement prennent de l’ampleur, mieux vaut lui demander de s’isoler quelques minutes (dans sa chambre, par exemple). Cette solution permet à chacun de retrouver un peu de calme et de reprendre le contrôle.
À force de subir des réprimandes attribuables à leurs troubles de comportement et à leurs gaffes, les enfants hyperactifs risquent de souffrir d’un manque de confiance en eux. Il est important de souligner leurs progrès plutôt que leurs erreurs et de les valoriser. La motivation et les encouragements donnent de meilleurs résultats que les punitions.
Enfin, on parle souvent des côtés ingérables des enfants atteints de TDAH, mais il ne faut pas oublier de souligner leurs qualités. Ce sont généralement des enfants très affectueux, créatifs et sportifs. Il est crucial que ces enfants se sentent aimés par la famille, d’autant qu’ils sont très sensibles aux marques d’affection.
En 1999, une importante étude financée par le National Institute of Mental Health des États-Unis, ayant porté sur 579 enfants, a souligné l’utilité d’une approche globale. Les chercheurs ont comparé 4 types d’approches, employées durant 14 mois : des médicaments; une approche comportementale auprès des parents, de l’enfant et de l’école; une association de médicaments et d’approche comportementale; ou encore aucune intervention particulière. Le traitement combiné est celui qui a offert la meilleure efficacité globale (habiletés sociales, performances scolaires, relations avec les parents). Cependant, 10 mois après l’arrêt des traitements, le groupe d’enfants qui avait reçu seulement les médicaments (à une dose plus forte que dans le groupe bénéficiant de l’association des 2 traitements) est celui qui présentait le moins de symptômes. D’où l’importance de persévérer quand on choisit une approche globale. |
Les approches complémentaires du TDAH
Biofeedback. Deux méta-analyses et une revue systématique ont révélé qu’une réduction significative des symptômes primaires du TDAH (inattention, hyperactivité et impulsivité) était généralement observée à la suite de traitements de neurofeedback. Les comparaisons faites avec une médication efficace de type Ritalin soulignent l’équivalence et parfois même la supériorité du biofeedback sur ce traitement classique. Il est important de mentionner que la collaboration de l’entourage (professeurs, parents, etc.) au plan de traitement augmente les chances de succès et le maintien des améliorations.
Le neurofeedback, une variante du biofeedback, est une technique d’entraînement grâce à laquelle une personne peut apprendre à agir directement sur l’activité électrique de son cerveau. Durant la séance, la personne est branchée par des électrodes à un moniteur qui retranscrit les ondes cérébrales. L’appareil permet donc à la personne de connaître l’état d’attention de son cerveau lorsqu’elle effectue une tâche précise et de le corriger pour rétablir la concentration.
Au Québec, peu de professionnels de la santé pratiquent le neurofeedback. On peut s’informer auprès de son médecin, de l’Ordre des infirmiers et infirmières du Québec ou de l’Ordre des psychologues du Québec.
Homéopathie. En 2005, deux essais cliniques aléatoires ont été publiés. Un seul a donné des résultats probants. Il s’agit d’un essai en chassé-croisé avec placebo de 12 semaines, ayant porté sur 62 enfants âgés de 6 ans à 16 ans. Ceux-ci ont obtenu une diminution d’au moins 50 % de leurs symptômes (impulsivité, inattention, hyperactivité, sautes d’humeur, etc.). L’autre essai, une expérience pilote, a comparé les effets de l’homéopathie à ceux d’un placebo chez 43 enfants de 6 ans à 12 ans. Après 18 semaines, le comportement des enfants des deux groupes s’était amélioré, mais aucune différence notable n’a été observée entre les deux groupes.
Massothérapie et relaxation. Quelques essais ont tenté de démontrer les bénéfices que pourrait apporter la massothérapie pour soulager les symptômes du TDAH. Certains effets positifs ont été obtenus, comme une baisse du degré d’hyperactivité et une meilleure capacité de concentration, une amélioration de l’humeur, du comportement en classe et du sentiment de mieux-être. De même, la pratique du yoga ou d’autres modes de relaxation pourrait améliorer légèrement le comportement.
Méthode Tomatis. Le traitement du TDAH est l'une des principales applications de cette forme d’éducation auditive mise au point par un médecin français, le Dr Alfred A. Tomatis. On rapporte qu'elle aurait donné de très bons résultats chez des enfants français atteints du TDAH. Cependant, son efficacité n’a pas été testée dans le cadre d’essais cliniques.
Selon la méthode Tomatis, le TDAH serait attribuable à une mauvaise intégration sensorielle. Dans un premier temps, cette approche consiste à améliorer la capacité d'écoute chez le jeune patient en stimulant son cerveau et en l'aidant à se concentrer sur des sons sans être distrait. Pour ce faire, le patient utilise des écouteurs spéciaux pour écouter des cassettes conçues pour cette méthode et sur lesquelles on retrouve la musique de Mozart, des chants grégoriens ou même la voix de sa mère.
Approche nutritionnelle
Selon certains chercheurs, l’alimentation pourrait avoir un lien avec le TDAH. Cette hypothèse n’est pour l’instant pas vérifiée, mais plusieurs études suggèrent l’utilité de suppléments alimentaires ou de diètes spécifiques pour réduire les symptômes du TDAH.
Zinc. Selon plusieurs études, une carence en zinc serait associée à des symptômes plus marqués de TDAH. Par ailleurs, les résultats de deux essais avec placebo menés en Turquie et en Iran auprès de 440 enfants souffrant de TDAH indiquent qu’un supplément de zinc, seul (150 mg de sulfate de zinc durant 12 semaines, soit une très haute dose) ou associé à un médicament classique (55 mg de sulfate de zinc durant 6 semaines), pourrait aider les enfants atteints de cette affection. Il faudra cependant mener d’autres essais afin de vérifier son efficacité auprès des enfants occidentaux, qui sont moins à risque de souffrir d’une carence en zinc.
Magnésium. Au cours d’une étude portant sur 116 enfants souffrant du TDAH, on a observé que 95 % d’entre eux présentaient des signes de carence en magnésium. Les résultats d’un essai clinique sans placebo mené auprès de 75 enfants atteints de TDAH indiquent que la prise de 200 mg de magnésium par jour durant 6 mois a diminué les manifestations d’hyperactivité chez les enfants traités au supplément, comparativement à ceux qui recevaient le traitement classique. Des résultats positifs ont aussi été obtenus chez des enfants hyperactifs avec une supplémentation simultanée de magnésium et de vitamine B6.
Régime Feingold. Dans les années 1970, le médecin américain Benjamin Feingold a fait paraître un ouvrage intitulé Why Your Child is Hyperactive dans lequel il associait le TDAH à l’intoxication alimentaire. Le Dr Feingold a conçu en guise de traitement un régime alimentaire qui a connu une certaine popularité, malgré l'absence de recherches confirmant le lien entre l’alimentation et le TDAH. Dans son livre, le Dr Feingold affirme qu’il serait parvenu à guérir la moitié de ses jeunes patients atteints de TDAH grâce à un régime sans salicylate, présent dans certains végétaux, et sans additifs alimentaires (agents de conservation ou stabilisants, colorants, édulcorants, etc.).
Depuis ce temps, quelques études ont été effectuées sur ce régime. Elles ont donné des résultats contradictoires. Certaines études empiriques appuient la thèse du Dr Feingold, tandis que d'autres aboutissent à des résultats contraires ou trop peu significatifs. Le Conseil Européen de l’Information sur l’Alimentation (EUFIC) reconnaît que des améliorations de comportement ont été observées grâce à ce régime, lors d’études. Cependant, il soutient que, dans l’ensemble, les preuves sont faibles. Toutefois, en 2007, un essai clinique à double insu, mené contre placebo sur près de 300 enfants âgés de 3 ans ou de 8 ans à 9 ans, a montré que la consommation de colorants ou d’additifs alimentaires artificiels augmentait l’hyperactivité des enfants.
Régime hypoallergène. Des essais ont été menés afin d’évaluer si le bannissement des aliments les plus fréquemment responsables d’allergies alimentaires (lait, noix, poisson, blé, soya) avait un impact sur le TDAH. Pour l’instant, les résultats recueillis sont variables. Les enfants les plus susceptibles d’en bénéficier sont ceux ayant des antécédents familiaux d’allergies (asthme, eczéma, rhinite allergique, etc.) ou de migraines.
Recherches
D’autres traitements suscitent l’intérêt des chercheurs. En voici quelques-uns.
Acides gras essentiels. Les acides gras essentiels, dont l’acide gamma-linolénique (AGL) de la famille des oméga-6 et l’acide eicosapentaénoïque (AEP) de la famille des oméga-3, entrent dans la composition des membranes qui entourent les neurones. Des études ont trouvé un taux sanguin plus faible d’acides gras essentiels chez des personnes atteintes de TDAH. De plus, les symptômes étaient plus prononcés chez les personnes dont le taux était le plus bas. Ce qui a mené certains scientifiques à émettre l’hypothèse que la prise de suppléments d’acides gras essentiels (par exemple, d’huile d’onagre ou d’huiles de poisson) pourrait contribuer au traitement du TDAH. Cependant, les résultats des études menées jusqu’à présent sur les suppléments d’acides gras essentiels ont été peu concluants.
Ginkgo (Ginkgo biloba). Le ginkgo est traditionnellement employé pour améliorer les fonctions cognitives. Au cours d’une étude sans groupe placebo réalisée en 2001, des chercheurs canadiens ont constaté que la prise de suppléments contenant 200 mg d'extrait de ginseng américain (Panax quinquefolium) et 50 mg d'extrait de ginkgo biloba (AD-FX®) peut réduire les symptômes du TDAH. Cette étude préliminaire a porté sur 36 enfants âgés de 3 ans à 17 ans ayant pris ce supplément 2 fois par jour pendant 4 semaines. En 2010, un essai clinique mené sur 50 enfants atteints de TDAH a comparé pendant 6 semaines l’efficacité de suppléments de Gingko biloba (de 80 mg à 120 mg/j) à celle du Ritalin®. Selon les auteurs, le Ritalin® a été plus efficace que le Gingko, dont l’efficacité contre les troubles du comportement n’est pour l’instant pas prouvée.
Pycnogénol. Selon des études préliminaires, le Pycnogenol®, un antioxydant extrait de l’écorce de pin, pourrait être utile en cas de TDAH.
Suppléments de fer. Selon certains chercheurs, une carence en fer pourrait contribuer aux symptômes du TDAH. En 2008, une étude menée sur 23 enfants a montré l’efficacité d’une supplémentation en fer (80 mg/j). Les chercheurs ont observé des résultats comparables à ceux d’un traitement classique de type Ritalin. Le supplément était donné pendant 12 semaines à 18 enfants, et 5 recevaient un placebo. Tous les enfants inclus dans l’étude souffraient de carence en fer, justifiant une supplémentation.
Enregistrer un commentaire